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Repartons sur les terres africaines. Au Sénégal. En commençant ce commentaire, je réalise que j’ignore complètement le prénom du personnage narrateur. Peu importe ? Non. Car, il y a eu une telle proximité dans la confession, disons plutôt dans le partage de cette jeune sénégalaise de 25 ans, que l’idée qu’elle reste anonyme me désole.
Cette jeune femme est issue de la bourgeoisie urbaine sénégalaise. Fille unique d’un foyer monogame, elle a fait ses classes à Dakar et travaille dans une ONG orientée vers l’humanitaire et le soutien aux populations rurales enclavées. Elle est mariée au prince charmant dont on parle dans les contes de Grimm. Depuis 5 ans. Mariage précoce, mais qui semble heureux. Qui est heureux.
Dans le cadre d’un projet d’installation d’un dispensaire près de Niakhane, un village enclavé de Casamance, notre héroïne doit conduire une mission d’une semaine avec une équipe de son ONG, pour cerner l’ensemble des besoins de cette population et la faisabilité du projet de dispensaire.
A Niakhane, notre citadine va être confrontée au sexisme de cette communauté rurale, à une approche très différente des mœurs dakaroises et surtout, elle va se découvrir une passion amoureuse pour un paysan sérère, Diogoye.
C’est un très beau roman que je viens de terminer. L’écriture est agréable sans être exceptionnelle. Elle est au service de la détresse du personnage narrateur. Tout est à la première personne du singulier. Khadi Hane choisit une construction non linéaire de son texte. Approche que j’ai personnellement trouvée originale. Le lecteur est dans un premier temps confronté à un personnage perturbé par une passion destructrice, dont il ignore la source, avant de remonter le temps, une semaine plutôt et reprendre jour par jour le fil des événements. Se dessine, à l’aide de flashbacks, la construction du personnage, le portrait d’une femme sénégalaise, sa structure familiale, son entourage, son mariage, les traditions séculaires auxquelles elle n’échappe. Une femme qui cherche sa place dans sa société. Une femme qui va imploser.
C’est un roman à découvrir. Ecrit de manière très brillante, qui gênera la gente masculine africaine, sénégalaise en particulier, enfin je le suppose. Une réflexion sur l’adultère, sur les passions dévorantes qui peuvent réduire à néant un itinéraire, sur la femme africaine, sur l’autre tout simplement.
Bonne lecture! Khadi Hane, Le collier de pailleEditions NDZE, première parution 2002, Collection Pocket Quelques avis : Echappées, Le monde de Mara, Chez Lo, Le blog "Ma bouquinerie"