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Achat ce matin d'un nouveau de domaine que je réserve pour les trois prochaines années : fuirestunepulsion.net. Ce nom là existe déjà depuis deux ans, il vit en parallèle dans une sphère masquée du blog, en écriture blanc sur blanc, de telle sorte qu'il n'est ni lisible, ni accessible, ni consultable. Lorsque je lui ai expliqué le principe de ce site fantôme développé à l'envers de l'autre, V., la dernière fois que nous nous sommes croisés, m'a répondu qu'elle ne comprenait pas trop l'intérêt de la chose (ce ne sont pas là ses mots exacts mais en substance mon souvenir s'arrête là), à l'époque je ne lui avais répondu qu'un « c'est à dire » que j'avais ensuite fini par évacuer ailleurs, par le fenêtre par exemple, déjà entrouverte sur la nuit et par laquelle fuyait en silence un peu de fumée de cigarette, la sienne. Ce nom de domaine est posé, je ne l'utiliserai pas tout de suite, peut-être ne l'utiliserai-je jamais réellement. Je me projette simplement dans une certaine potentialité, à moi de voir s'il sera utile de la matérialiser. A terme, ce projet de blanc sur blanc viendra succéder à / puis remplacer l'Omega-Blue trop bigarré.
Sur internet les mots, les noms, coûtent de l'argent (29€ pour trois ans d'exploitation du domaine fuirestunepulsion). Lorsque je travaillais encore pour mon entreprise de vente en ligne, un budget de plusieurs milliers d'euros par mois était alloué à l'achat de « mots clés » dans Google, référencement payant qui permet ensuite les visites, et donc les ventes. Ils appelaient ça « payer du clic », autrement dit des lettres et des mots. Si je monte demain une entreprise de vente d'organes, je devrai investir dans l'achat de mots clés précis tels que « foie à vendre », « rein en soldes » ou « coeur vente flash » et tous ses dérivés orthographiques, puisque les gens qui cherchent dans Google cherchent mal et que leurs phrases ne sont pas forcément correctes, il faut s'adapter aux déviances langagières de la plèbe, plier sous la majorité. Le nom de domaine répond à ce même désir : celui de posséder la lettre, syllabe, la phrase. Mes mots à moi, mes piètres investissements, ne sont que des pages blanches perdues au coeur des requêtes Google déferlantes, elles ne me rapporteront rien sinon quelques regards de plus penchés sur moi, j'espère en secret qu'on ne m'y trouvera pas.