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Drôle de foire

Publié le 17 octobre 2009 par Diateino

La foire du livre de Francfort, où s’échangent les droits entre éditeurs, est une grande fête annuelle : emballements des chercheurs de pépites que nous sommes tous, rumeurs, grandes annonces, retrouvailles. Des liens d’amitié se sont tissés au fil des années.

Drôle de foire cependant, cette année : c’est comme si soudain tout était feutré et marchait au ralenti, avant un possible basculement dans un énorme chaos.

Mercredi : réunion des alumni de l’emblématique Stanford Publishing Course où des générations d’éditeurs du monde entier ont trouvé énergie, inspiration et réseau d’affinités. La crise a touché l’une des plus prestigieuses universités américaines et bouleversé le marché américain de l’édition.Le SPPC cherche une solution pour poursuivre ses formations : l’une des pistes envisagées serait un financement par Google ou Amazon, ce qui reviendrait à un adoubement de l’ennemi d’hier. On croit rêver.

Ce sont bien en effet Google et Amazon qui font l’actualité ici, à Francfort, dans le temple du livre : Google a annoncé le lancement d’une librairie numérique, Google Edition, alors qu’Amazon lance lundi le Kindle en France et ailleurs, avec une offre de livres à 9,90 dollars. Le prix unique du livre, oui, mais à la manière d’Amazon. (On rappelle que le prix unique du livre, prôné par des éditeurs engagés pour défendre la librairie indépendante et instauré en France par la loi Lang permet d’éviter que les libraires ne subissent les conséquences désatreuses d’éventuels rabais massifs des grandes chaines). Le prix de vente au lecteur est, lui, fixé par l’éditeur, le discount maximal autorisé étant de 5%. Amazon fixe désormais les prix (pour ceux qui l’ont suivi), comme il a imposé en pratique, malgré les procédures en cours en France, la gratuité du port (alors que les frais de transport vers les entrepôts d’Amazon pèsent désormais sur les éditeurs), imposé les remises - qu’il s’octroie - aux éditeurs, contrairement à tous les usages de la profession. A prendre ou à laisser. Mais laisser, c’est se condamner, car désormais les commandes de livres sont faites en ligne, de plus en plus et cela évolue chaque mois. Fini, le livre ou l’éditeur, le “petit éditeur” prétendu introuvable par certains points de vente…

Ainsi que l’écrit Seth Godin à propos de l’industrie de la musique qui s’est effondrée : ” Les temps changent.” Les règles, les usages professionnels sont pulverisés par les géants. L”industrie” du livre doit réinventer de nouveaux modes de fonctionnement.

A suivre dans ce blog : les grandes manoeuvres dans l’édition. Tous unis face à l’adversité ?


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