Ce matin, je suis allé prendre mon cours de piano hebdomadaire. C’est un cours collectif où on est … juste deux élèves en fait …
Il y a un grand écart de niveau entre nous deux, puisque l’autre élève n’avait jamais touché un piano de sa vie.
Je pensais que ça m’énerverait rapidement, mais tout se passe vraiment très bien, parce que la prof sait faire en sorte que chacun ait à jouer quelque chose qui lui convient.
C’était très important pour moi de reprendre des cours de piano, d’abord parce que j’en ai assez de stagner et de ne pas progresser vers ce que je veux jouer, mais ensuite et surtout parce que jouer du piano est le désir le plus ancien que j’ai … Je crois que je devais avoir 4 ou 5 ans quand j’ai commencé à dire à mes parents que je voulais en jouer.
Depuis, ce désir ne s’est jamais démenti. Il est toujours là et sera toujours là, parce qu’il est inscrit au plus profond de moi, comme ces très belles choses que l’on garde dans un coin de son cœur, au chaud. Et c’est ce que l’on a au fond de soi qui fait que l’on sait que quoi qu’il arrive, malgré toutes les tempêtes que l’on peut traverser, il y aura d’autres jours.
J’ai toujours eu un rapport très particulier avec le piano, très respectueux.
En écrivant cela, je pense plus particulièrement à ce style de piano :
Mais le simple fait de me retrouver devant le clavier d’un piano me fait le même effet … Jouer du piano est quelque chose qui se mérite, car c’est sans aucun doute l’instrument qui permet à celui qui sait en jouer d’exprimer les plus hautes émotions et les sentiments les plus intimes.
Plusieurs fois, lorsque j’ai joué certaines musiques très particulières, j’ai pu sentir que ce que je viens d’écrire n’est pas que de la littérature … Lorsque vous jouez tel prélude ou valse de Chopin, vous ressentez littéralement le poids de tout ce que Chopin voulait exprimer. Et la plupart des pièces pour piano de Chopin étaient basées sur des improvisations, ce qui me laisse rêveur …
J’avais lu dans un livre de technique pianistique qu’il fallait s’effacer derrière la musique … C’est un peu bizarre comme conseil, parce que cela reviendrait à jouer quelque chose de totalement froid et mécanique. On ne peut pas s’effacer derrière la musique … il faut au contraire tenter de la comprendre avec toute son humanité propre, toute sa sensibilité … mais sans jamais lui faire dire autre chose que ce qu’elle exprime profondément.
C’est peut-être le reproche que l’on peut faire à quelqu’un comme Glenn Gould, qui allait parfois un peu trop loin dans son approche de certaines oeuvres …
Je ne sais pas comment expliquer la façon de comprendre une musique, autrement qu’en disant qu’il faut en être totalement impregné. Se laisser impregner et posséder par elle, en fait.
Pour reprendre encore l’exemple de Chopin, vous savez que j’aime beaucoup le prélude n°4 de l’opus 28 …
Lorsque je joue ce prélude, j’ai l’impression d’être envahi par quelque chose de très douloureux, qui fait que je ne peux pas concevoir de jouer ce morceau autrement qu’avec la plus grande douceur, la plus grande attention pour ce qu’il exprime. Deux notes disent tout …
Le piano a une façon de parler qui n’appartient qu’à lui et qui surpasse tout ce qui peut exister. Cela tient peut être au fait qu’il est basé sur la vibration des cordes, sur le fait qu’il faut le caresser lorsqu’on joue avec lui … Je n’en sais rien et je ne veux pas savoir, finalement.
Juste aujourd’hui, il me fait penser aux plus belles choses.