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Oublier pour se souvenir

Publié le 17 octobre 2009 par Cetaitdemainorg
- Tu m'oublieras pas, dis, quand je serai morte ? - Je t'oublierai un peu pour continuer à me souvenir de toi. La mémoire est une tourbe dont nous ne connaissons pas toutes les profondeurs. Nous soupçonnons que le vrai et le faux s'y étendent dans un mouvement constant de ressac et parviennent à produire des mélanges sans lesquels l'imaginaire n'aurait pas de lieu. Nous devinons que, au-delà des contingences biologiques, la déprise de l'oubli est une nécessité vitale pour notre entendement. Mais, cela dit, mille fois dit, nous n'avons rien dit. La mémoire, cognitive et émotive, spirituelle et corporelle, personnelle et universelle, demeure un palimpseste si épais qu'il serait dangereux d'en abandonner la lecture à des spécialistes univoques. Le poète comme le neurologue, le musicien comme le biochimiste, avec les mots de chacun mis ensemble, doivent s'y ouvrir un chemin. Et ces chemins à côté d'autres chemins, celui du désir par exemple, ou de la perception qu'elle soit formelle ou abstraite, trament les sillons de l'humain comme des veines où il continue de s'abreuver, dans une soif jamais étanchée. En deçà de lui et au-delà de lui. A la fois souterrain et cosmique. Infiniment petir et infiniment grand dans le même vertige de la pensée.

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