Magazine Cinéma
samedi 17 octobre 2009
Je finis ma série Chabrol en beauté. Auparavant ma culture Chabrolienne se limitait principalement à "La cérémonie" et "Madame Bovary", je suis heureux d'avoir pu explorer les films plus anciens du cinéaste. Une fois n'est pas coutume, j'ai vu il y a quelques années le remake américain de ce film. C'était un vrai désastre. Je me souviens avoir été invité pour aller voir ce film lors d'une séance privée. En fait, c'était plutôt malin de la part de l'entreprise qui m'a invité, cela a donné un bon sujet de conversation pour le cocktail qui suivait.
Et la version de Chabrol ? Elle est superbe comme l'illustrent ces quatre étoiles. J'ai adoré la simplicité du film, sa linéarité. Les scènes montrant comment Michel Bouquet se débarrasse du corps de l'amant de sa femme sont présentées un peu comme un documentaire et m'ont fait penser aux scènes d'un "Condamné à mort s'est échappé" ou de "Pickpocket" de Robert Bresson. Je crois bien que cette forme de cinéma, dépouillée, avec ces échanges musicaux entre un piano et un violoncelle, ces "haïkus" cinématographiques comme je l'ai précédemment écrit à propos des film de Bresson, me touche tout particulièrement. La dernière scène en est une des meilleures illustrations, Stéphane Audran voit de loin son mari se faire interroger à nouveau par la police, on n'entend pas ce qu'ils se disent, mais la succession de plans sur Stéphane Audran puis Michel Bouquet nous font comprendre que tout est découvert.
Enfin j'ai bien aimé l'allusion au projet IV (on voit "Vive le projet IV" écrit sur le toit d'une voiture) présenté lors des états généraux du cinéma en 1968 et soutenu par Chabrol. Ce projet proposait entre autres la gratuité des spectacles. On en est encore loin...