« Photographie originale ; papier albuminé, 9,2 x 5 cm, monté sur carte à la marque du photographe Blanchard, Place Maubourguet à Tarbes », précise la notice du catalogue. Ce portrait en pied appartenait à Georges Dazet, un camarade de Ducasse au lycée de Tarbes dont le père était aussi le tuteur du poète ; il fut découvert dans un album de famille par Jean-Jacques Lefrère en 1977. Animateur, avec Michel Pierssens, de la passionnante revue Histoires littéraires, fin connaisseur de Rimbaud et de Jules Laforgue, Jean-Jacques Lefrère publia chez Fayard en 1998 une biographie très remarquée de Ducasse, sans doute l’un des auteurs du XIXe siècle les plus énigmatiques et les plus auréolés de légende. Sa mort, à vingt-quatre ans, le 24 novembre 1870, ne fut pas étrangère à la construction du mythe; les surréalistes y furent aussi pour beaucoup, bien sûr, mais, déjà en 1890, Léon Bloy, qui connaissait son monde, définissait l’écrivain comme un «cher grand homme avorté ! Pauvre rastaquouère sublime !»
Les enchérisseurs malheureux et les amateurs d’Isidore Ducasse pourront toujours se consoler en lisant le nouvel ouvrage de Jean-Jacques Lefrère, Lautréamont (Flammarion, 224 pages, 60 €), qui fixe l’état actuel des connaissances sur l’écrivain et contient de nombreux documents inédits.