Magazine Cyclisme
Que tous ceux qui prennent encore "le" Quiévrain pour une rivière séparant la France de la Belgique passent leur tour
! Cette petite commune du Hainaut n'a en effet rien d'une ville thermale. Il n'empêche. "Outre Quiévrain", comme aiment à le répéter les journalistes
sportifs, le vaisseau belge fait eau des toutes parts. Ne voyez là aucune carabistouille, ni allusion à la crise politique que traverse le pays. Plus de 120 jours sans gouvernement, des
drapeaux flamands "sécessionnistes" qui fleurissent aux fenêtres comme aux plus beaux jours du Ronde van Vlaanderen et auxquels répondent les bannières noir-jaune-rouge des belges
légitimistes, un roi qui fait de l'équilibre sur un trône fendu en deux, ce n'est rien au pays de Thil l'Espiègle !
Non, l'affaire qui nous intéresse est bien plus grave que cela. Figurez-vous que samedi dernier en Wallonie, la retransmission de
la demi-finale de coupe du monde de rugby entre la France et l'Angleterre sur TF1 a attiré plus de téléspectateurs que la diffusion du match de qualification entre la Belgique et la Finlande
comptant pour les éliminatoires du championnat d'Europe de football 2008… Sur les terres du Standard de Liège, du RSC Anderlecht, d'Enzo Scifo, de Raymond Goethals et des Belgas
l'information tient de l'hérésie ! Une vraie poussée de fièvre ovale, dans un pays dont les habitants s'inquiètent d'ordinaire à peu près autant des choses du rugby que des problèmes de vessie du
Manneken Pis…
Le rugby en Belgique est un sport exotique. Une équipe nationale tout juste émergeante, une discipline peinant à se hisser parmi
les dix sports les plus pratiqués, bref un encéphalogramme aussi plat que le relief local. Le camouflet en est d'autant plus rude pour le football, discipline reine avec le cyclisme, dont
l'équipe nationale des Diables rouges, autrefois redoutée, n'est plus qu'un ectoplasme. À vrai dire, le seul écarlate que puisse encore revendiquer la sélection est celui qui monte aux joues de
ses joueurs lorsque sonne l'heure de faire le bilan de leurs derniers coups d'éclat internationaux. Rayée de la carte footballistique la Belgique, pulvérisée aux quatre coins de l'Europe façon
puzzle ! Les irréductibles flamands verront même dans cette infidélité rugbystique faite au ballon rond la preuve que, décidement, rien de bon ne peut venir des wallons.
On a vu des pays se ressouder autour de leur équipe de football. On voit aujourd'hui la Belgique partir en brioche aussi sûrement
que son équipe nationale glisse lentement vers les profondeurs du classement FIFA. Est-ce un signe ? Espérons que non, ce serait bien triste. Manquerait plus que le Canada Dry
supplante chez nos voisins ménapiens Gueuses et Trappistes, que le bortsch remplace le waterzooi et qu'Arno se mette à l'eau plate ! Décidément, tout fout l'camp, y compris dans ce plat
pays qui n'est pas le mien…