Prendre le temps de voir

Cliché I. Rambaud (lavoir de Flagy, 77) "La vision des vieilles pierres est douce aux yeux", dit Christian Bobin dans ce petit livre délicat comme une enluminure, écrit en 1998 : Geai.Il continue : "Aujourd'hui, le lavoir sert de refuge aux araignées. Hier -au XIIe siècle- des jeunes femmes venaient y tremper des chemises de lin blanc à larges manches, des enfants y jetaient des pierres, une sainte y a rafraîchi ses mains.
Hier, si jeune qu'il fût, n'est plus. Aujourd'hui est là qui passe en beauté.". Loin de moi l'idée que le lavoir ait été le lieu le plus agréable du monde, un temple de la beauté, un sanctuaire de sérénité : papotages et commérages, froid pénétrant, des ingrédients insolubles avec la nostalgie ! La "vision des vieilles pierres" devient néanmoins "douce aux yeux" parce que, avec le recul, la poésie s'en mêle et qu'alors on retient seulement la couleur des piliers, l'eau qui coule, le passage du temps, un souvenir patiné et idéalisé. Parce qu'il est vrai "Hier, si jeune qu'il fût, n'est plus. Aujourd'hui est là qui passe en beauté".Et qu'il faut donc aujourd'hui, prendre le temps de voir. Merci pour votre lecture ! Thank you for reading !