Dorer la pilule ou l'avaler, comédie des mots 4

Publié le 16 octobre 2009 par Hippocampe
  Les craintes, soupçons,  murmures,  réticences, démagogiques ou folles rumeurs qui bruissent  lourdement  depuis plusieurs mois autour d'une certaine grippe et d'une vaccination qui serait, sera, sera t-elle, obligatoire ou seulement recommandée et pour qui et pourquoi ... mettent au goût du jour cette pilule dorée, quatrième édition de La Comédie des mots, cadeau de Régine Detambel à L'Hippocampe pour le plaisir et le clin d'oeil.

Dorer la pillule

On bronze avec des pilules, pour un teint tout doré. Il fut un temps où, l’argent, pour sa santé, on l’avalait. C’était à l’époque où les apothicaires doraient la pilule. Au sens propre, en effet, ils enveloppaient ces comprimés amers d’une feuille d’or ou d’argent pour les rendre au moins agréables à l’œil. Au XVIIIe, dans le Dictionnaire raisonné universel des arts et des métiers, on pouvait apprendre, à l’article Apothicaire, que cela se disait argenter ou dorer la pilule. Si la pilule avait bon goût, on ne la dorerait pas, dit un proverbe espagnol. Au sens figuré cette fois, dorer la pilule c’est présenter quelque chose sous des couleurs trompeuses et trop favorables. L’escroc était un « doreur de pilule ». Comme la pilule est amère, on la faisait prendre dans un peu de pâte sucrée : les personnes trompeuses et enjôleuses ont été appelées « pilules ensucrées ».

Laxatif

Avaler la pilule ou gober la pilule, c’est, depuis le XVIe siècle, supporter un désagrément, une insulte ou un mauvais traitement, sans protester. Je lis dans Les Mots de la médecine que Pascal Bouché a publié aux Editions Belin qu’il existait des pilules perpétuelles. On utilisait autrefois sous ce nom de petites boulettes d’antimoine métallique, en guise de laxatifs. Ces pilules irritaient l’intestin et étaient expulsées intactes au milieu des matières. On les lavait alors soigneusement pour s’en resservir à la prochaine constipation. Il paraît que la même pilule perpétuelle aurait soigné ainsi plusieurs générations. La voilà bien la solution au trou perpétuel de la Sécurité Sociale !

Régine Detambel