Dorer la pillule
On bronze avec des pilules, pour un teint tout doré. Il fut un temps où, l’argent, pour sa santé, on l’avalait. C’était à l’époque où les apothicaires doraient la pilule. Au sens propre, en effet, ils enveloppaient ces comprimés amers d’une feuille d’or ou d’argent pour les rendre au moins agréables à l’œil. Au XVIIIe, dans le Dictionnaire raisonné universel des arts et des métiers, on pouvait apprendre, à l’article Apothicaire, que cela se disait argenter ou dorer la pilule. Si la pilule avait bon goût, on ne la dorerait pas, dit un proverbe espagnol. Au sens figuré cette fois, dorer la pilule c’est présenter quelque chose sous des couleurs trompeuses et trop favorables. L’escroc était un « doreur de pilule ». Comme la pilule est amère, on la faisait prendre dans un peu de pâte sucrée : les personnes trompeuses et enjôleuses ont été appelées « pilules ensucrées ».
Laxatif
Avaler la pilule ou gober la pilule, c’est, depuis le XVIe siècle, supporter un désagrément, une insulte ou un mauvais traitement, sans protester. Je lis dans Les Mots de la médecine que Pascal Bouché a publié aux Editions Belin qu’il existait des pilules perpétuelles. On utilisait autrefois sous ce nom de petites boulettes d’antimoine métallique, en guise de laxatifs. Ces pilules irritaient l’intestin et étaient expulsées intactes au milieu des matières. On les lavait alors soigneusement pour s’en resservir à la prochaine constipation. Il paraît que la même pilule perpétuelle aurait soigné ainsi plusieurs générations. La voilà bien la solution au trou perpétuel de la Sécurité Sociale !