"A l'occasion de la visite de Monsieur Roland Blum, Député des Bouches-du-Rhône, Membre de la Commission de Affaires étrangères de l'Assemblée Nationale, Caroline Dumas, Ambassadrice de France, vous prie de lui faire l'honneur d'assister à une réception à la Résidence (...) le mercredi 14 octobre 2009 de 18h30 à 20h00"Je donnerais ma main à couper qu'une fois passée le sentiment d'incommensurable et orgueilleuse fierté d'avoir reçu le précieux sésame, certains d'entre nous se sont demandés s'il convenait de dîner au préalable ou si nous aurions quelque occasion de picorer avec une nonchalance de bon aloi, les babioles culinaires gentiment mises à notre disposition par Madame l'Ambassadrice. En tout cas je le confesse, je fus de ceux-là.
Entre 18h30 et 20h00, mon estomac à moi réclame son dû.
Lorsque nous sommes arrivés devant la grande bâtisse blanche, en plein centre de Reykjavik, une femme nous attendait derrière la porte vitrée.En pantalon noir, chemise blanche et gilet rouge, elle a pris nos manteaux et nous avons franchi l'entrée de la Résidence comme on pénètre un sanctuaire. A cet instant, peut-être même nous trouvions-nous, ici comme à l'ambassade, sur le sol de France, par le miracle des conventionsdiplomatiquesinternationales
Le Consul de France, personnage raffiné dont la courtoisie ostensible confinait à la mignardise, a délaissé ses invités pour nous accueillir, puis pour nous conduire dans une pièce où d'autres personnes conversaient en petits groupes, rapprochés les uns des autres. L'homme nous plaça au centre du petit espace et s'efforça d'entamer une conversation polie. Mission délicate, manifestement ennuyeuse et néanmoins bienveillante, consistant à débiter des banalités et à jouer les intermédiaires afin de faciliter les rencontres franco-françaises sur la terre de glace. La diplomatie est un métier, voire un sacerdoce.
Pour les Français de Reykjavik et les Islandais francophiles, ces réceptions sont l’occasion de quelques mondanités. Ici comme ailleurs, les petits cercles se forment, les gens s’observent, les regards cherchent d’autres regards connus.Mercredi, nous n’étions plus deux âmes esseulées en terre inconnue. Nous étions ravis de pouvoir échanger quelques mots avec nos concitoyens, en papillonnant d’une tribu à l’autre, quand, à notre arrivée, en pareille situation, nous avions dû nous contenter d'observer, statiques et intimidés, l'incessant ballet de courbettes, de bons mots partagés et de souriresforcés qui nous furent refusés.
On dénombre près de 300 Français vivant en Islande, dont la grande majorité est installée autour de Reykjavik. Nous n'étions pourtant qu'une quarantaine tout au plus à la réception de mercredi. Parmi les invités, outre les représentants de l'Ambassade et de l'Alliance Française (celle-ci est d'ailleurs dirigée depuis peu par un jeune homme avenant et sympathique), j'ai pu noter la présence, en vrac : d'un guide touristique, du correspondant du journal Le Monde, d'un pépiniériste en partance pour l'Algérie, d'une étudiante rencontrée par le biais de ce blog et devenue stagiaire à l'ambassade et du nouveau directeur de DHL (également rencontré via ce blog).
Il m'a semblé que nos sujets de conversation furent choisis à l'aune des boissons ingérées. Autrement dit, après avoir longuement et avec un certaine gravité évoqué la situation économique et financière de l'Islande, j'ai noté que les thèmes abordés tendaient à devenir plus légers à mesure que nos verres se vidaient. Des verres qui, faut-il le préciser, ne contenaient pas que de la pomme, pour paraphraser Jean Lefebvre.
Sans aller jusqu'à prétendre que notre douillet cénacle eut tendance à se métamorphoser en salon de l'agriculture sous l'effet des liquides rouges et blancs qui circulaient, il faut bien admettre que vers 20h00, horaire programmé de notre départ, certains festoyeurs patentés discutaient encore le bout de gras.L'évocation des conséquences de l'adhésion de l'Islande sur l'économie de la pêche ayant progressivement cédé la place à une discussion animée au sujet des richesses vitaminiques des pépins de raisin, dont le pépiniériste se fît l'ardent défenseur.
Bref.
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