Je n'ai pas été élu pour augmenter les impôts et je ne les augmenterai donc pas. C’est probablement la phrase la plus importante de l’interview du Chef de l’Etat par la fine fleure des journalistes du Figaro. Autant le dire tout de suite, Josette et Marcel sont plutôt soulagés. Payer de impôts, même à Pleurtuit on sait que c’est inévitable et peut être même parfois utile, mais en payer plus tous les ans c’est insupportable.
D’ailleurs, Sarko est bien sur cette « ligne » quand il ajoute qu’il s’agit de rompre avec une politique menée depuis vingt ans et qui a conduit à détruire des emplois en handicapant la compétitivité de notre économie.
Pas question donc de détruire le business de la (vraie) galette-saucisse en surtaxant consommateurs et producteurs, ça c’est la bonne nouvelle. Y’a plus qu’à espérer qu’elle sera suivie d’effets car, comme les esprits retors du genre « Restons Correct ! » l’ont déjà noté, il n’est pas fait mention des autres « prélèvements obligatoires » que sont par exemple les cotisations sociales ou les impôts locaux…
En attendant, nul ne peut nier qu’il s’agisse d’une annonce propre à remobiliser un électorat de droite quelque peu perturbé à l’approche des élections régionales. C’était sans doute l’objectif, il a des chances d’avoir été atteint. D’autant plus qu’il y a gros à parier que l’explosion de la fiscalité locale sera l’angle d’attaque principal des listes qui tenteront de reprendre les exécutifs régionaux perdus en 2004.
Les camarades socialistes et leurs alliés sont prévenus : s’ils veulent sauver leurs sièges va falloir qu’ils nous expliquent ce qu’ils ont fait de notre pognon…
L’autre bonne nouvelle c’est que la théorie de Laffer, économiste américain et principal théoricien de l’économie de l’offre, paraît avoir enfin atterri en France trente ans après sa formulation. Comme quoi faut jamais désespérer…
Sans vouloir souler nos lecteurs, il faut rappeler à ce stade que cette théorie, illustrée par la courbe qui porte le nom de son auteur, reprend à son compte le vieil adage selon lequel trop d’impôt tue l’impôt.
Pour faire très court, Laffer a démontré qu’à partir d’un certain taux d’imposition, le rendement d’un impôt ou d’une taxe baissait en valeur absolue et qu’il existait donc, pour chaque « cas », un taux optimum qui permettait de maximiser le produit fiscal.
L’application de sa théorie peut donc conduire à une baisse des taux d’imposition, directs ou indirects, en vue de faire rentrer plus de sous dans les caisses d’un Etat ou d’une collectivité locale. C’est évidemment paradoxal mais la justesse de la théorie a été démontrée aux USA et au Royaume-Uni aux débuts des mandatures de Ronald Reagan et de Margaret Thatcher.
Comme on peut s’en douter, les théories de Laffer suscitent la réprobation unanime des économistes de gôche, qui s’en tiennent aux vieilles lunes de l’économie de la demande d’une part et qui, d’autre part, en sont restés à l’idée que la fonction principale de l’impôt n’était pas de financer le fonctionnement de la collectivité qui le prélève mais de redistribuer les « richesses » en vue de corriger les inégalités.