En France, le livret A est une institution, le bas de laine favori de plus de cinquante millions d’épargnants. Un placement simple, sûr, défiscalisé, distribué désormais par toutes les banques… mais de moins en moins rémunérateur. Depuis le 1er août, il ne rapporte plus, en effet, que 1,25% annuel, son plus bas historique. Pas mal, pour un placement créé en 1818 ! Et tout cela par la faute, en ces temps de crise, de la conjontion d’une inflation négative et de taux interbancaires très bas.
Rappelons-le, le livret A est un placement réglementé. Les sommes que les Français y versent sont confiées par les banques à la caisse des dépôts, qui les utilise pour financer le logement social. Son taux n’est donc pas libre mais fixé par la Banque de France selon une méthode de calcul prenant en compte, donc, l’inflation et les taux interbancaires. En théorie, au gré de l’évolution de ces indicateurs, son rendement est censé être révisé tous les trois mois, à la hausse ou à la baisse.
En théorie seulement. Car le gouvernement a la possibilité de déroger à cette règle. Et ces temps-ci, il n’a pas vraiment le choix. Si en effet on s’en tenait au principe du calcul automatique, le taux du livret A serait actuellement de… 0% ! Peanuts ! De quoi alimenter le ressentiment des petits épargnants contre la crise, mais aussi contre le personnel politique. Christine Lagarde l’a bien compris, en mettant son veto à toute nouvelle baisse.
Ainsi, le gouvernement s’apprête à faire valoir pour la quatrième fois de rang son droit de dérogation, afin de maintenir artificiellement le taux du livret A à 1,25 %. Pas grand chose, mais toujours mieux que rien, en attendant le retour en positif de l’inflation et une remontée des taux, sans doute au deuxième trimestre 2010.