Après ses lâchers de billets au Zimbabwe et au Soudan, la Chine vient encore de faire de la real-politik en Afrique en signant un gigantesque et monstrueux accord minier avec la Guinée.
La Guinée, c'est ce petit pays que personne ne connaissait hier et qui est devenue récemment une star médiatique à cause du massacre bestial de centaines d'opposants à la junte militaire. Condamnée courageusement par la plupart des grands pays dont la France de Bernard Kouchner, la junte n'a pas eu à chercher bien loin un nouvel allié financier. La Chine est de tous les mauvais coups.
Cette semaine, dans un déjeuner très chic et très mondain, l'ambassadeur de Chine en France nous expliquait la merveilleuse croissance que connait son pays. 8%, le chiffre magique. Mais à quel prix? Passée du statut de dictature communiste dangereuse à celui de dictature communisto-capitaliste éldoradesque, la Chine a-t-elle gagné en humanité? La religion de l'argent n'est pas forcément plus belle que celle du prolétariat.
La question que nous pose la Chine est complexe. Le développement, l'éradication de la pauvreté et, rêvons un peu, le bien-être chinois méritent-ils de fermer les yeux sur les massacres guinéens ou le bellisisme iranien? En caricaturant, nous pouvons nous demander si nous guérir nous-même en faisant des dégâts autour de nous est un moindre mal.
La Chine veut ses 8% de croissance. La Chine en est même "fière", nous avouait l'ambassadeur qui ne parla pas une seule seconde de sujets qui fâchent (écologie, Iran, Afrique, libertés intérieures...). Mais le développement d'un peuple est-il uniquement économique? Le bien-être d'un peuple est-il seulement matériel?
En nous fixant des règles morales, nous freinons sans doute une potentielle croissance. Encore que... Mais nous faisons grandir notre société. Nous développons une croissance immatérielle, culturelle, morale. Créateur de bien-être spirituel, ce développement humain est un terreau de croissance incomparable. Un peuple qui espère, un peuple qui aime, un peuple qui a confiance est un peuple qui innove, qui crée, qui participe.
Malheureusement, la Chine n'est pas la seule à qui nous recommanderions de lire l'encyclique de Benoît XVI Caritas in Veritate.
Notre économie occidentale est pleine de petits écraseurs de têtes qui recherchent la croissance de leur porte-monnaie en oubliant de compter autour d'eux le nombre de morts. Les émeutes de Poitiers, les blocages d'usines, les critiques acerbes contre les bonus des banques US sont autant de signes d'un climat complexe. Mais la réponse de ceux qui se sentent oubliés est trop souvent manichéenne. Est-ce le capitalisme qui est mauvais ou l'Homme?
Dans différentes paraboles, le Christ nous parle d'argent.
Dans celles des talents ou des mines, Il nous invite à investir. A trouver notre place dans la société et à cultiver notre vocation. A développer. Développement social, culturel, artistique, familial, éducatif mais qui peut également être économique. Le capitalisme en est un moyen. Il permet de donner un juste valeur, de faciliter l'entraide entre ceux qui ont et ceux qui cherchent, d'investir de l'argent pour qu'il porte des fruits. C'est ce capitalisme des origines qu'il faut retrouver.
Dans d'autres témoignages évangéliques, Jésus nous parlent d'oboles, de dons, de libération. L'économie ne doit jamais oublier la gratuité, l'aide envers ceux qui n'y arrivent pas tous seuls. Nous devons éviter de tomber dans une dépendance matérielle égoïste et rester toujours libres de faire les bons choix. Le capitalisme crée des richesses économiques mais il doit également créer des richesses humaines.
L'Homme n'est pas un animal qui cherche à grossir. Il a cette capacité unique de discerner.
L'argent peut être un moyen de faire le bien si son utilisation se fait au regard de la Vérité.