Alors si vous envisagez de travailler en Suisse ou d'y vivre, autant éviter ces clichés, vous gagnerez du temps... et de la considération de la part des gens qui vous entourent. Voici donc le palmarès des idées reçues sur la Suisse (il n'y a pas d'ordre d'importance) :
1 - En Suisse, on paie peu ou pas d'impôts
Faux
Contrairement à une croyance populaire très largement répandue, on paie des impôts en Suisse, et le taux d'imposition sur le revenu est en moyenne le même le même qu'en France (environ 40%, avec des nuances parfois importantes selon les cantons). Vous trouverez plus d'informations sur ce sujet sur la page "Comparaison internationale de la fiscalité en Suisse" du site Travailler-en-Suisse.ch.
2 - En Suisse, mon employeur peut me licencier sans me donner de motif
Vrai
Effectivement, le droit du travail suisse (le code des obligations et la loi sur le travail) permet aux employeurs de licencier un employé sans qu’il soit obligé d’en donner la raison, sauf dans le cas où il s'agit d'un licenciement avec effet immédiat (et dans ce cas, la personne doit partir sur le champ de son lieu de travail, elle est d'ailleurs souvent encadrée par des personnes de la sécurité qui l'aident à mettre ses affaires personnelles dans son petit carton - je caricature à peine). Ce n'est pas très "classe" de la part de l'employeur de licencier sans motif mais il peut le faire.
3 - En Suisse, on n’embauche que des spécialistes
Faux, mais plutôt vrai en période de crise
Il est probablement plus facile de trouver du travail en Suisse lorsqu'on est un spécialiste, et en particulier on peine à recruter certains profils (personnel de santé, chercheurs...). Mais cette logique répond avant tout à une logique de marché : en temps de crise, moins on spécialisé, plus il est plus difficile de se placer. Et comme vous pourrez le constater, cette logique vaut pour la France comme pour la Suisse et tous les pays.
4 - Les étrangers ne sont pas les bienvenus en Suisse
Faux, et même archi faux
Plus de 20% de la population résidente en Suisse est étrangère, et si vous rajoutez le nombre de travailleurs frontaliers cela fait beaucoup d'étrangers. Il est très clair que la Suisse n'aurait pas pu avoir la croissance économique qu'elle a eu ces dernières années sans le travail des étrangers. Globalement, les travailleurs étrangers sont donc très bien acceptés, à condition qu'ils respectent la culture locale, tant au travail que dans la vie de tous les jours (la Suisse ce n'est pas la France, et il ne faut pas oublier que l'étranger, c'est vous !).
5 - En tant que travailleur frontalier habitant en France, je peux conserver mon assurance santé française
Faux... et dangereux
Dès votre premier jour de travail en Suisse, vous n'êtes plus assurés en France au régime général de la Sécurité sociale (la Sécu). Vous alors, tout comme les résidents, l'obligation de vous assurer selon l'un des 3 régimes prévus pour les frontaliers (Assurance privée, CMU ou LAMal pour frontaliers). Sur le plan pratique, il arrive que la Caisse primaire d'assurance maladie ne fasse pas le ménage dans ses bases de données et continue à vous rembourser même si vous travaillez en Suisse : sachez que si vous êtes dans ce cas vous êtes en infraction et que vous risquez gros, les autorités françaises étant actuellement en train de faire des contrôles. Vous pouvez passer par notre service de demande de devis gratuit pour une assurance santé frontalier (sur le site Travailler-en-Suisse.ch).
6 - Il n’existe pas de salaire minimum en Suisse
Vrai et faux
Dans la loi sur le Travail et le code suisse des obligations, il n'existe pas de mention d'un salaire minimum comme c'est le cas en France avec le SMIC. En revanche, selon les accords de branches et les conventions collectives de travail (CCT), des salaires minima peuvent être fixés. Cela concerne principalement l'industrie. Pour estimer son salaire, trouver des informations, consultez la page "Salaires en Suisse" du site Travailler-en-Suisse.ch.
7 - En Suisse, mon salaire sera multiplié par 2, 3 ou plus par rapport à mon pays d’origine
Vrai et faux
En fait, cela dépend de votre secteur d'activité, de votre métier, de votre spécialisation, de votre profil etc... Il est vrai que les salaires sont en moyenne pratiquement deux fois plus élevés en Suisse qu'en France, mais il ne faut pas ressortir cette vieille règle de calcul qui ne veut rien dire car elle n'est pas adaptée à toutes les situations. Il est important de bien connaître ce que vous voulez sur le marché suisse, de ne pas accepter n'importe quel poste à n'importe quel tarif, et après c'est la loi de l'offre et de la demande qui fait toute la différence. Retrouver sur ce blog des conseils pour bien négocier son salaire en Suisse lorsqu'on est étranger, un lien vers un service qui permet de calculer son salaire net et sa future feuille de salaire, des informations très intéressantes sur les salaires en Suisse sur le site Travailler-en-Suisse.ch (avec les liens vers les calculateurs officiels de salaires).
8 - Grâce à la libre circulation des personnes et aux accords bilatéraux, les travailleurs étrangers ressortissants de l'Union européenne et de l'AELE n’ont plus besoin de permis pour travailler en Suisse
Faux
Même si la libre circulation des personnes a considérablement faciliter les démarches administratives et l'obtention du permis de travail, ce dernier reste obligatoire. Plus d'informations sur les permis de travail suisses et les démarches administratives en fonction de votre nationalité.
9- Les frontaliers à Genève ne peuvent réduire le montant de leur impôt
Faux
Une des caractéristiques de l'imposition des travailleurs frontaliers à Genève est la suivante : ils payent leurs impôts à Genève, sur la base du barème d'impôt à la source, mais ne font pas déclaration en Suisse, alors qu'ils en feront une en France ! Sans rentrer dans le détail, sachez que vous pouvez réduire le montant de votre imposition en Suisse en souscrivant un 3ème pilier ou en rachetant une partie de votre 2ème pilier. En agissant ainsi, vous ferez baisser votre fiscalité en Suisse, mais devrez remplir une déclaration (plus simple que la déclaration "ordinaire"). Plus d'informations sur le 2ème et le 3ème pilier et sur la fiscalité en Suisse.
10 - En Suisse, tous les travailleurs étrangers sont soumis au même barème d’impôts, le barème d’impôt à la source
Faux
Le barème d'impôt à la source ne concerne que certains travailleurs frontaliers (dans les cantons de Genève, Zurich et d'Argovie), et certains travailleurs étrangers qui résident en Suisse (permis L ou B) gagnant moins d'un certain montant. D'autres seront soumis au barème d'impôt ordinaire (comme les Suisses ou les travailleurs étrangers titulaires d'un permis C). Attention de ne pas confondre "barème d'impôt à la source" et "impôt à la source" qui est l'acte de se faire prélever sur son salaire l'impôt. Vous trouverez sur le site Travailler-en-Suisse.ch un tableau récapitulatif des différents cas d'imposition en Suisse.
Si vous en avez d'autres, n'hésitez pas à les indiquer en commentaires. De toute façon, il est certain que je publierai un autre billet sur ce sujet, j'ai encore pas mal de chose à dire sur ce thème.