Nicolas Sarkozy vient de présenter les grandes orientations de sa réforme pour les lycées. Il a annoncé trois chantiers prioritaires : une orientation plus progressive, un suivi personnalisé tout au long de la scolarité, et une ouverture sur les langues étrangères et la culture. Cela, c'est pour la comm' gouvernemental mais pour le reste, que retiendrons-nous de ce discours ?
Certainement la provocation du Président, lorsque celui-ci assène que le geste fondateur de notre éducation nationale fut la création en 1802 des Lycées par Napoléon car, cette instauration marquait la fin du privilège de la naissance !? Ce n’est plus d’être bien né qui permet de faire partie de l’élite, mais d’avoir fait la preuve par son travail, de sa valeur : "quel meilleur critère que celui du savoir et de la compétence pour désigner ceux qui doivent exercer des responsabilités ?". Cela prenait tout son charme avec l’installation prévue d’un jeune homme de 23 ans qui a pour tout mérite que d’être le fils de son père, à la tête d’un gigantesque établissement public ! Sans parler de sa conception de l’histoire de l’éducation. Les lois Ferry de 1881 et 1882 sont bien plus fondatrices que la création de lycées réservés à une bourgeoisie urbaine : gratuité de l’enseignement primaire et obligation de l’instruction. Le ton était donné, de quoi nourrir les articles des journalistes présents, car pour le reste, il n'y a pas grand chose à dire.
Quelques mesurettes surnagent sur l’orientation et la limitation des redoublements, la baisse des heures de cours pour laisser plus de place au travail personnel accompagné, du sectoriel avec les filières (maintenues bien sûr) technologique et littéraire et les langues, un couplet sur la vie scolaire, un catalogue hétéroclite pour les uns, un brouillon flou pour d’autres.
En se contentant d’annoncer un hypothétique rééquilibrage des séries, Nicolas Sarkozy maintient le principe des voies et séries hiérarchisées, pourtant sources de fortes inégalités scolaires. Le lycée véritablement démocratique, dans lequel chaque lycéen construit progressivement son parcours de réussite vers l’enseignement supérieur, n’est pas pour demain.