Grippe A et compagnie, à gorge déployée

Et le médecin s'est mis à sourire. Le second médecin. Pas celui du dimanche. Il s'est mis à sourire comme on hausse les épaules. Politesse à la bêtise. Comme on choisit de se taire en n'en pensant pas moins.
Grippe A, grippe A, tout le monde n'a que ce mot à la bouche, en ce moment. J'en vois quarante par jours, des nez qui coulent, des gorges qui coincent. Suspicion de grippe A...
On a envie d'ajouter pour lui : suspectez, il en restera forcément quelque chose.
Le médecin sourit et fait d'une pierre deux coups.
Madame qui se requinque va mieux. Des fortifiants ? Mangez donc de la viande ! Pensée pour les végétariens.
Gars de onze ans qui commençait à pétocher grave à l'idée d'avoir à son tour chopé la dite Grippe du haut de ses 38°8 ? Rhino-pharyngite, dit le doc. Qui rassure mais prévient. Ca peut évoluer en angine. N' a pas dit dégénérer. Ou je suspecte. Que ces mots semblent doux soudain. Gars de onze ans a faim en sortant. Lui qui n'avait quasiment rien avalé de la journée. Pensée en commandant trois pizzas (dont une végétarienne pour madame, oubliée la viande rouge préconisée par le doc mais pas prescrite, ça ne se fait pas d'écrire steak sur une ordonnance et les pharmaciens seraient comme des cons avec leur chambre froide à investir et Rungis à arpenter)... pour Berrybelle. Qui, ici, évoquait l'effet placebo. Quelques mots doctes et le plat c'est beau. En attendant, on s'en revient sans masque de carnaval. On va quand même continuer à se laver les mains.