Je suis arrivé en Italie le dimanche 12 septembre 1982, à une époque où la mafia n’existait officiellement pas dans ce pays !
En effet, ce n’est que le lendemain que fut introduite dans le système juridique italien l’association criminelle de type mafieux (associazione per delinquere di tipo mafioso), avec la Loi du 13 septembre 1982, n° 646.
Avant-hier, l'avocat de Massimo Ciancimino a remis aux juges de Palerme une photocopie du Papello, qui listait en 12 points les prétentions de la mafia vis-à-vis de l'état italien, dans le cadre des négociations qui avaient débuté entre l'assassinat du juge Giovanni Falcone (23 mai 1992) et celui du juge Paolo Borsellino (19 juillet 1992), 57 jours plus tard.
Parmi ces douze prétentions figure l'abolition de l'article 416-bis, à savoir l’association criminelle de type mafieux introduite 10 ans plus tôt par la Loi du 13 septembre 1982, n° 646.
Ces premières photos, publiées en exclusivité par l'Espresso d'aujourd'hui, ne se réfèrent pas au véritable PAPELLO (écrit tout en majuscule, avec une faute d'orthographe - "fragrant délit" au lieu de "flagrant délit"), mais à un Papello-bis, revu par Vito Ciancimino, ancien maire mafieux de Palerme et père de Massimo.
Une parenthèse s'impose : la coupole mafieuse était alors dominée sans conteste par Totò Riina et Bernardo Provenzano, Riina représentant l'aile dure (faire la guerre à l'état pour avoir la paix) et Provenzano l'approche un peu plus souple. Il commençait d'ailleurs à y avoir de l'eau dans le gaz entre les deux, et Vito Ciancimino était plutôt homme de Provenzano que de Riina. Selon Massimo, lorsque son père a lu les 12 points de la liste rédigée par Riina, il se serait exclamé : toujours la même tête de nœud ! ("sempre la stessa testa di minchia", pour qui connaît l'italien...)
D'où les retouches apportées à la liste par Ciancimino père, dans une version plus "politique" :
- révision du maxiprocès par la cour européenne de Strasbourg (!)
- réforme de la justice "à l'américaine" (?)
- défiscalisation de l'essence (!?)
- création du "parti du sud"...
Avec en début de liste les noms des deux politiques qui "suivaient" les négociations, selon Massimo Ciancimino : Mancino (Nicola) - Rognoni (Virgilio), ministre de la Défense du dernier gouvernement Andreotti...
Outre un post-it sur la liste mentionnant le nom du colonel Mori, dont je vous ai déjà parlé, et dont nous reparlerons !
Une négociation commencée par Riina et poursuivie par Provenzano, qui fit arrêter ensuite Riina le 15 janvier 1993 avant de relancer avec les bombes (voir la chronologie) et de remplacer son intermédiaire déjà sur le déclin, Vito Ciancimino, par l'astre montant : Marcello Dell'Utri.
Le tout lié à la naissance de Forza Italia, le parti-entreprise de Berlusconi, et à l'avènement de la seconde république italienne, née du sang des juges Falcone et Borsellino.
Des événements enfin en passe de s'éclaircir, après 17 ans !, selon la dernière déclaration d'Antonio Ingroia : « Nous sommes dans l'antichambre de la vérité ! »
Et pendant que ça s'éclaircit d'un côté, de très très gros nuages noirs, bien lourds, sont en train de s'amonceler sur la tête de Silvio Berlusconi...
Jean-Marie Le Ray
&t;">">">">">">" target="_blank" onclick="return fbs_click()" class="fb_share_link">Partager sur Facebook
P.S. Ces documents ont été remis aux juges avant-hier, le 14 octobre, et hier, 15 octobre, à part Il Fatto, dernier arrivé dans la cour des grands, AUCUN journal n'en a parlé, ni dans la presse, ni à la télé !!!
L'Italie n'est pas un pays normal...
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