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Parce qu’on nous dit “femmes-artistes” mais personne ne dit jamais “hommes artistes”, on dit “écrivaine lesbienne” mais jamais “écrivain hétérosexuel”, on dit “littérature érotique” et “cinéma porno” mais jamais “littérature non sexuelle” et “cinéma non explicite”.
Parce que l’être-femelle préempte encore socialement l’être-créatif. Parce que la chair teinte les mots, donne une certaine grille de lecture à ceux qui les reçoivent, parce qu’un prénom féminin sur une couverture de livre situe déjà le texte avant même que les mots écrits à l’intérieur ne se soient mis à parler.
Parce qu’une fille qui montre son sexe à une caméra et écrit des livres se voit décrite dans les médias comme “ancienne actrice porno reconvertie à la littérature”.
Parce qu’on sépare toujours la chair et l’intellect, le haut et le bas, le profane et le sacré. Parce qu’on ne pense pas ensemble la tête avec le cul. Parce que la Distinction sociale existe toujours. Parce qu’il y a toujours les mots nobles, et les mots impurs.
Et la suite, c'est là.