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Quand le Net n'est pas net

Par Daniel Sériot

Les vins de Bordeaux du millésime 2003 font aujourd’hui l’objet de critiques, tout azimut, de la part d’amateurs divers et variés sur des forums consacrés aux vins.

On y apprend qu’il y a plus d’argiles, en rive gauche qu’en rive droite (la superficie n'est pas, pour moi un argument majeur, c'est l 'analyse et la nature des argiles qui comptent) . L’existence de graves argileuses chez les premiers crus de la rive gauche ou chez les meilleurs seconds ne sont pas à généraliser à toutes les propriétés du Médoc ou des Graves : loin s’en faut !!!

C’est vrai qu’à Pomerol ou à Lafleur, les sous sols ne sont pas argileux !!!

A Lafleur quelques grosses graves épaisses reposent sur des sous-sols….argileux, cherchez l’erreur.

Quant au plateau argilo-calcaire de Saint Emilion, il est comme son nom l’indique…totalement graveleux (humour pour ceux qui ne suivrait pas).

Une méconnaissance totale des terroirs et des sous-sols des appellations de la rive droite, mâtinée de quelques dégustations à l’aveugle dont « l’instant t » prime sur des analyses pertinentes de la nature de vins et de leur potentiel, à moyen et long terme, laisse transpirer l'idée de vins, pas réussis, dans ce millésime sur l'ensemble de la rive droite. Mais comble des combles on finit par apprendre que les vins sont mal nés. Lesquels ? il faut nous le faire savoir, sous peine, pour nous, de mourir idiot !!!

Comme la plupart de ces analystes (de salon pour certains) n’ont jamais dégusté en primeurs (parce que ça triche : mais ceux là nous commençons à les connaître, les tricheurs !!!), on en déduit que les vins sont mal nés, une nouvelle fois !!!

Et si, ma foi, un vin de Bordeaux arrive à avoir un caractère un peu sudiste dans un millésime ultra solaire, ça fait désordre, un peu trop languedocien, dont on défend les vertus dans d’autres rubriques !!!

Mais passons, si par malheur , au bout de quelques années, le terroir finissait par prendre le dessus sur le millésime( comme sur les meilleurs 1947 ), serait un effet de la magie, ou un miracle de la nature, j’oserai dire souterraine ?. Nous pourrions rigoler abondamment, dans une dizaine d’années au sujet de ces 2003 dans les meilleurs salons où l’on cause.

C’est vrai qu’il n’est pas donné à tout le monde de déguster Cheval Blanc 1947, avec tous ses défauts inhérents à la connaissance œnologique de l’époque, mais l’expression solaire du millésime, aujourd’hui domptée, en fait, malgré ses défauts, un vin d’anthologie.

On apprend que Montrose 2003, à Saint Estèphe est raté, parce que une ou deux bouteilles se goûtent mal (vin refermé sur ce grand terroir de garde dans ce millésime, dans les meilleures propriétés).

2003 se meurt, mais non « le petit chat est mort » n’est pas de saison. Molière ne cultivait pas de la vigne en rive droite, et pourtant certains commentateurs sévissant sur Internet n’auraient pas dépareillé dans son monde, ô combien subtil, d’une douce déliquescence pleine de certitudes.

Ceci dit contrairement à ce qu’écrit Russell, je ne pense pas que généraliser c’est transformer une constante en une variable, ou si vous préférez, tous les 2003 ne seront pas au sommet de la qualité…

Daniel


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