A part
à la traîne
à l'écart
oubiée distanciée perdue
dépassée
par la situation
l'odeur des méandres marins
entreposée dans mes naseaux
des rochers dégorgent la mer
et les écumes en bouillonnant
je me glisse façon félin
aux marges de la citadelle
je frôle rase le granit
je suis ses circonvolutions
je laisse la nuit
m'avaler
dans le serpentement des rues
des venelles dos à la mer
aux colimaçons refermés.
Quelquefois lassée de chercher
je m'introduis timidement
comme un gosse aux lèvres serrées
dans des antres bas de plafond
des cavernes d'Ali Baba
d'où monte un grand grondement sourd
fauve celui de l'océan
quelquefois là il fait si noir
que la nyctalopie m'atteint
je regarde les yeux tout ronds
les vitrines les présentoirs
impeccables de propreté
au point que bientôt je me crois
en quelque galerie marchande
s'il n'y avait ces stalagmites !
Un peu plus tard il s'agit de
se promener dans un bassin
très peu profond puisque l'on voit
le sable en dépit de cette eau
boueuse rosâtre chargée
qui semble peser quelques tonnes
on pousse les algues du pied
et sans crier gare soudain
du sable émergent
des vers blancs
et verticaux
qui se trémoussent
et c'est alors que l'on prend peur
on crie et nul ne vous répond
la foule a bien sûr reflué
l'on tourne en rond parmi les vers
dressés aux airs de spaghettis
on les évite de son mieux
pas question de les toucher
ils semblent émaner
un rire...
Patricia Laranco.