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Jeux en ligne legalisation en France

Publié le 15 octobre 2009 par Raymondviger

Le 7 octobre était discuté au sein de l’Assemblée Nationale française un projet de loi porté par le ministre du Budget Eric Woerth visant à légaliser le jeu en ligne et l’ouvrir à la concurrence.

online_gambling Le jeu en France: du monopole à la concurrence

Actuellement, seuls la Française des jeux, équivalent de Loto-Québec, et le PMU, qui s’occupe des paris sportifs, sont autorisés à proposer des paris en ligne. Cependant, de nombreux casinos en lignes existent et sont accessibles aux internautes français. C’est dans le but d’enrayer cette situation et de réguler le secteur des jeux d’argent et du hasard que le ministre a pensé son projet de loi. Plusieurs dispositifs de sécurité seraient ainsi mis en place: ceux existants seraient renforcés, les jeux seraient interdits aux mineurs et une licence de l’Autorité de régulation des jeux en ligne serait indispensable pour les opérateurs voulant se lancer dans cette entreprise.

De plus, l’ouverture ne serait que partielle: seuls les paris dits «mutuels», c’est-à-dire quand tous les joueurs mettent leur argent en commun et l’organisme touche une commission, et les paris sportifs sont concernés. Exception faite pour le poker, au motif qu’il s’agit autant, sinon plus, d’un jeu de stratégie que de hasard, et que lorsqu’un joueur perd, c’est au profit d’un autre, et non au profit d’une entreprise. Les jeux de hasard, comme les machines à sous, ne seront donc pas légalisé, et les casinos se plaignent d’une discrimination. En effet, la Française des jeux proposent sur son site des jeux qui fonctionnent comme les machines à sous. Le monopole sera ainsi conservé.

Des profits alléchants

Ce projet excite les convoitises, et pour cause: en 2008, la Française des jeux a réalisé 1,17 milliard d’euros de chiffre d’affaire grâce aux jeux en ligne, soit 1,79 milliards de dollars. Dans cinq ans, ce chiffre pourrait atteindre les 3,4 milliards d’euro (5,2 milliards $). La Française des jeux comptent quelques 28,5 millions de joueurs, la PMU, 6,5 millions. En y ajoutant les casinos, le chiffre d’affaire total du jeu en France s’élève à plus de 33 milliards $ par année. C’est pourquoi le projet de loi suscite de nombreuses critiques, certains assurant qu’il vise avant tout à satisfaire les lobbies proches du pouvoir. Ainsi, près de cinquante intéressés seraient prêt à se lancer dans le jeu en ligne si le projet de loi est approuvé, parmi lesquels Arnaud Lagardère et Martin Bouygues, des “pointures” de l’économie française.

Le gambling et la dépendance

Autre réserve: la dépendance aux jeux reste très mal connue dans l’Hexagone. Michel Lejoyeux, Pr de psychiatrie et auteur d’un ouvrage, Les Secrets des comportements, expliquait dans une interview accordée au quotidien français Le Monde qu’il n’y a pas de données objectives sur le gambling en France, contrairement à l’Amérique du Nord. On se base ainsi sur les études canadiennes et américaines pour estimer la situation française. Il s’inquiète également de ce projet de loi, car la publicité qui en découlera ne manquera pas d’avoir un effet incitatif important sur les populations à risques. «Il existe une règle simple pour toutes les addictions, explique-t-il, l’augmentation de l’offre augmente le risque qu’une personne potentiellement dépendante le devienne.»

Un projet de loi pour les lobbies?

Enfin, une partie des experts et de la classe politique française se désole de voir la fin de ce qu’ils appellent un «modèle français» en la matière, qui conservait le jeu dans les mains de l’Etat, assurant ainsi sa régulation et son contrôle. Vendredi 9 octobre, le débat s’est achevé à l’Assemblée Nationale. Les dispositifs de contrôles ont ainsi été jugés insuffisants. Alors qu’une étude de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) parue en 2008 invitait les sites de jeu en ligne à proposer des ressources et des informations sur la dépendance au jeu, le projet de loi se borne à recommander des mécanismes de modération et l’interdiction de jouer. Le parti socialiste, dans l’opposition, a ensuite entraîné le débat sur le plan moral, en fustigeant la banalisation du jeu et de ses effets addictifs. Les députés socialistes accusent également le gouvernement de précipiter le projet en vue de la coupe du monde de soccer qui aura lieux en 2010 en Afrique du Sud, évènement qui sera nécessairement suivi par une grande partie de l’Hexagone.

En dépit de ces débats houleux et des critiques, le projet de loi a été accepté, mardi 13 octobre à l’Assemblée Nationale française, permettant ainsi l’ouverture à la concurrence du marché des jeux sur Internet pour 2010. Bien que la régulation soit réellement nécessaire – car de nombreux casinos en lignes existent –, la précipitation avec laquelle le gouvernement français a fait passer ce texte a un effet négatif sur le travail de prévention de la dépendance au jeu. Or, le gambling reste la première dépendance dans l’Hexagone, devant l’alcool et les drogues.

Crédit photo: Gabriel_Not

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