Cette semaine à l’occasion de le la foire du livre de Francfort nous avons assisté à une prise de conscience collective. Les livres sont sur la voie d’une numérisation à grande échelle. Les Kindle, Reader et autres supports- encore chers- permettent déjà de télécharger certains ouvrages. Il se murmure même qu’Apple prépare un Ipad qui fonctionnerait sur le même modèle que l’Ipod avec une boutique numérique dédiée, mais pour les livres. Aux Etats-Unis, certains bouquins sont téléchargeables pour 9,99 dollars. C’est l’aspect positif de la numérisation du livre : cela fait baisser le prix du livre puisque la fabrication coûte 30 % moins cher à l’éditeur.
Alors si les éditeurs ont compris plus vite le danger que leurs homologues du disque ou de la presse et ont ainsi organisé des ébauches de sites de distribution en ligne, il n’en reste pas moins que la vague de numérisation du livre laisse perplexe et interroge. D’abord, l’édition est une économie qui va bien (450 millions de livres écoulés par an et un chiffre d’affaires de 2,8 milliards d’euros pour l’édition française), elle parvient à faire vivre éditeurs, auteurs, et libraires. Passer au numérique sous prétexte de modernité reviendrait à déstabiliser complètement une chaîne de production culturelle.
Au sein de cette chaîne, les libraires seront les plus touchés et la fermeture des librairies rendra encore plus importante la mort du commerce de proximité. Enfin, cette modernité à outrance qui oblige à numériser les livres est de fait un danger pour la société toute entière. Car ce sont des opérateurs géants de l’internet (Google, Amazon etc…) qui ne connaissent rien au livre et qui sont dans une logique de rentabilité qui présideront aux destinées de la création littéraire. N’assistera-t-on alors pas à une uniformisation des livres édités ? Ce cri est peut-être celui d’une Cassandre, mais doit-on réellement tout numériser et voir le livre –mémoire d’une société – disparaître en tant qu’objet ?
Qu’en pensez-vous ?