A propos de Mysterious skin, de KenPark et de Tarnation
Il est curieux de constater que les films les plus moraux qui nous arrivent aujourd’hui des States sont aujourd’hui des productions de la marge, comme il en va de Ken Park de Larry Clark et, plus récemment, de Tarnation de Jonathan Caouette et de Mysterious skin de Gregg Araki, qui traitent respectivement des désarrois d’un groupe d’adolescents dans une petite ville d’Amérique profonde et des séquelles, sur deux garçons, des abus sexuels qu’ils ont subis vers leur dixième année de la part, respectivement, de leurs tuteurs et de leur entraîneur de foot.
Dénoncer la pédophilie est une chose, mais faire ressentir quasi physiquement de quoi il retourne est une autre affaire, qui me semble aussi réussie, dans Tarnation, faisant appara'itre l'abuseur à visage découvert, que dans Mysterious skin, non du tout de façon moralisante mais de manière à la fois sourde et très directe. Lorsque, à la fin de Mysterious skin, l’un des deux garçons, devenu prostitué après que son abuseur l’eut en somme « élu », raconte comment, comme un jeu, le grand sportif lui a enseigné à lui enfiler son petit poing et son petit bras dans l'anus, selon la pratique connue du fist fucking, nul jugement n’est formulé mais le sentiment physique de l’énormité de l’abus, bien plus encore que l’éventuel dégoût, nous fait partager la stupéfaction de l’autre garçon qui, pour sa part, a englouti ces péripéties dans un trou noir de sa mémoire.
Il y a dans Mysterious skin une scène très belle où l’on voit un vieux sidéen à catogan, l’air artiste décavé, demander au jeune prostitué de le masser, ce que le jeune homme fait tout chastement comme il le ferait à son père ou au père de son père dont son client à l’âge, et c’est à la fois triste et beau.
Tout est d'ailleurs triste et beau dans Mysterious skin, comme dans Ken Park et Tarnation, et c’est pourquoi je parle de films moraux, au sens d’une dignité défendue avec plus d’amour et de respect humain que par les ordinaires "dénonciations".
Ni l’un ni l’autre, sans doute, ne sont des chef-d’oeuvres du 7e art, mais chacun d’eux est un beau film, de la même radicale honnêteté; de tous deux émanent la même sombre poésie et la même vérité humaine que de jeunes acteurs modulent avec une impressionnante justesse.
Dénoncer la pédophilie est une chose, mais faire ressentir quasi physiquement de quoi il retourne est une autre affaire, qui me semble aussi réussie, dans Tarnation, faisant appara'itre l'abuseur à visage découvert, que dans Mysterious skin, non du tout de façon moralisante mais de manière à la fois sourde et très directe. Lorsque, à la fin de Mysterious skin, l’un des deux garçons, devenu prostitué après que son abuseur l’eut en somme « élu », raconte comment, comme un jeu, le grand sportif lui a enseigné à lui enfiler son petit poing et son petit bras dans l'anus, selon la pratique connue du fist fucking, nul jugement n’est formulé mais le sentiment physique de l’énormité de l’abus, bien plus encore que l’éventuel dégoût, nous fait partager la stupéfaction de l’autre garçon qui, pour sa part, a englouti ces péripéties dans un trou noir de sa mémoire.
Il y a dans Mysterious skin une scène très belle où l’on voit un vieux sidéen à catogan, l’air artiste décavé, demander au jeune prostitué de le masser, ce que le jeune homme fait tout chastement comme il le ferait à son père ou au père de son père dont son client à l’âge, et c’est à la fois triste et beau.
Tout est d'ailleurs triste et beau dans Mysterious skin, comme dans Ken Park et Tarnation, et c’est pourquoi je parle de films moraux, au sens d’une dignité défendue avec plus d’amour et de respect humain que par les ordinaires "dénonciations".
Ni l’un ni l’autre, sans doute, ne sont des chef-d’oeuvres du 7e art, mais chacun d’eux est un beau film, de la même radicale honnêteté; de tous deux émanent la même sombre poésie et la même vérité humaine que de jeunes acteurs modulent avec une impressionnante justesse.