Bouclier fiscal et injustice sociale
J’ai entendu hier en fin d’après midi sur France-Info Jean-Marc Ayrault, au titre de Président du groupe socialiste à l’Assemblée Nationale, se faire le chantre de la fronde contre le bouclier fiscal, et je me suis dit à part moi : « Tiens, en voilà un combat qu’il est noble et juste ! ».
Pourquoi devrais-je retenir ma joie ? Tout simplement parce qu’il s’agit d’un socialiste, par pur esprit partisan ? Ce genre de comportement m’est étranger. Pour moi, la chose est entendue : il y a des cons partout, à droite comme à gauche. Et puis faut se méfier, on est toujours le con d’un autre…
Par ailleurs, il nous faut retrouver le sens des priorités, et le combat contre l’injustice sociale me semble de premier plan. Quoi de plus symbolique en effet que cette histoire de bouclier fiscal ?
Pour faire court sur ce sujet, il apparaît que les plus fortunés, concernés par cette disposition, se voient dispensés de contribuer à l’effort collectif en n’étant pas concernés par la CRDS (Contribution au Remboursement de la Dette Sociale), alors que tous les autres revenus le sont, ce qui est particulièrement choquant, vous en conviendrez. A fortiori par temps de crise où cette dette augmente de manière conséquente… On ne voit donc pas sur le principe de quel privilège éhonté une élite se verrait épargnée.
Même l’UMP s’interroge, notamment par la voix de Luc Warsmann, qui a proposé mercredi dans un rapport de retirer la CRDS du bouclier fiscal. Même la vertueuse Cour des Comptes, en mars de cette année, a pointé ses effets pervers, en évoquant également de manière très pudique “une faible équité et une efficacité économique incertaine ».
Mais le gouvernement, comme à son habitude, fait la sourde oreille et reste droit dans ses bottes en la personne du sympathique Monsieur Guaino qui estime en son fort intérieur « qu’il ne serait pas cohérent d’exclure la CRDS du bouclier fiscal », et que dans ce cas, pourquoi ne pas supprimer purement et simplement la totalité de celui-ci…
En effet, pourquoi pas ?
Les français jugeront de la teneur de ce qui nous apparaît de plus en plus, par delà l‘autisme caractéristique de notre (petit) Fuhrer, comme une posture idéologique de plus en plus déconnectée de la réalité de tout un chacun et de la nécessaire équité qui devrait présider aux décisions publiques, qui seule peut garantir une forme de pacte de stabilité sociale.
Sans ce sentiment d’égalité républicaine, la tentation de l’insoumission, de la révolte, y compris violente hélas, est grande, et ne pourra pas plus longtemps se voir jugulée autrement que par des moyens coercitifs qui feraient de notre pays une dictature.
Vive la Résistance !