Gilles ouvre de grands yeux. "Ca n'a rien à voir avec le coaching, affirme-t-il. Je n'ai pas changé." Bien sûr qu'il n'a pas changé. Ce qui a changé, c'est le regard que les autres portent sur lui, et par conséquence sa position dans l'entreprise. Il a passé un cap, et est surpris de la rapidité avec laquelle les choses évoluent.
Sa demande initiale, lorsque nous avons commencé à travailler ensemble, était liée à son insatisfaction d'occuper toujours une position de "junior". "On ne me demande jamais mon avis en réunion, et je n'ose jamais prendre la parole, se plaignait-il. Mes clients me traitent comme un petit jeune. Il faut que j'en fasse trois fois plus les autres pour convaincre, j'ai toujours l'impression d'avoir à prouver ma légitimité."
En analysant son registre de communication, nous avons repéré sa tendance à se plaindre d'un manque de reconnaissance, moyen par lequel il obtient le soutien de ses aînés, mais au prix d'un paternalisme encombrant. Il s'est alors autorisé à occuper de temps en temps une position haute, à exprimer des avis (qu'il gardait pour lui, de peur que cela soit mal perçu), à poser des demandes à sa hiérarchie, à faire part de son analyse du marché et de la stratégie commerciale. Au lieu de provoquer une levée de bouclier, ou des remontrances, cela a suscité de l'intérêt. Ces quelques actes d'affirmation tranquille ont suffit à changer son image. La circularité de la communication dans le système-entreprise a fait le reste. Je lui pointe que les changements qu'il constate ne sont en rien le fruit du hasard, qu'il doit être juste avec lui-même et reconnaître ses propres mérites : ce changement, il le doit à son intelligence et à sa volonté, à sa capacité à prendre du recul sur ses propres comportements. Au risque surtout qu'il a pris de sortir de sa coquille. Un risque payant.
Sur des thèmes proches, ou pourra lire aussi :
Stratégie d'engagement dans une négociation
Managers, n'oubliez pas les signes de reconnaissance