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Ouverture d’un crédit Paradis

Publié le 14 octobre 2009 par Alainhdv

Je viens de recevoir par mail cette chronique de Mgr di Falco-Léandri, évêque de Gap et Embrun, diffusée sur le réseau RCF des radios chrétiennes de France et publiée sur le site du diocèse. Selon un humour un brin provoquant, il souligne l’état pour le moins préoccupant de notre société, où l’on ne comprend même plus le sens de l’école. Il ne juge pas et se contente d’établir une comparaison avec une expérience vécue à Madagascar. Le développement et l’avenir ne sont peut-être pas là où nous les croyons… 

“Il paraît, je dis bien il paraît, car l’information que je vais vous livrer mérite d’être vérifiée. Faute de temps on ne l’a pas fait, mais selon la pratique actuelle des médias on balance l’info pour être les premiers et on vérifie après. Donc, il paraît que dans un diocèse que je ne nommerai pas pour ne pas mettre un confrère dans l’embarras si cette information s’avérait fausse, il paraît donc qu’un projet de rémunération des enfants et des jeunes se rendant à la messe le dimanche est à l’étude. En effet chacun sait que le nombre des enfants et des jeunes allant à la messe le dimanche ne cesse de diminuer. Il en est de même pour la fréquentation du catéchisme. Face à ce constat des experts hautement qualifiés ont pensé les encourager par une récompense. C’est ainsi qu’est née l’idée de leur offrir un « crédit paradis » qu’ils pourront faire valoir lorsque l’heure venue ils se présenteront devant saint Pierre. Pour ce qui est des enfants du catéchisme, en plus du « crédit paradis », les diocèses pourront faire appel sur demande à un détachement de la Garde suisse du Vatican pour régler les problèmes de disciplines. Cette idée, vous pouvez vous en douter, ne convient pas à tout le monde et elle fera sans doute l’objet d’un débat lors de la prochaine Assemblée plénière des évêques de France à Lourdes. Un tel projet rassure ceux qui craignaient que l’on s’interroge sur les raisons de la désaffection des jeunes avec toutes les remises en cause que cela pourrait entraîner.
Vous êtes toujours là ? Je pose la question car je crains d’avoir fait brutalement baissé le taux d’audience de RCF avec une annonce aussi ridicule. Alors je rassure ceux qui sont restés et qui ont compris que tout ce que je viens de dire est faux et totalement farfelu. C’est une manière humoristique de démontrer le non-sens de ce qui va être expérimenté dans certains lycées pour tenter d’endiguer l’absentéisme : une cagnotte scolaire destinée à encourager l’assiduité des lycéens. Une curieuse manière d’éviter de s’interroger sur les raisons de la désaffection et d’en tirer les conséquences.
Il est plus facile de tenter d’endiguer les effets plutôt que de s’atteler à juguler les causes. Une telle politique de l’autruche ne peut naître que dans des pays riches. Je viens de rentrer d’un séjour à Madagascar où je me suis rendu pour répondre à l’invitation de l’évêque Antsirabe, diocèse avec lequel le diocèse de Gap et d’Embrun entretien des liens très étroits. Deux prêtres malgaches et plusieurs religieuses contribuent à la vie pastorale de notre diocèse. Pendant mon séjour, accompagné par mon Vicaire Général, je suis allé dans une école dirigée par une religieuse qui a passé plusieurs années dans les Hautes-Alpes avant de retourner dans son pays. Ce fut l’occasion de rencontrer les enseignants, l’Association des parents d’élèves, et bien-sûr les 1900 élèves de la maternelle à la terminale. C’était le jour de la rentrée et le bonheur des retrouvailles se lisait sur tous les visages. Des enfants, des adolescents avides de savoir dont certains marchent tous les jours, durant plus de deux à trois heures
le matin pour ce rendre à l’école et le soir pour rentrer à la maison. De retour chez eux, certains feront leurs devoirs sur un coin de table à la lumière d’une bougie et reprendront le chemin de l’école le lendemain matin de très bonne heure. Pour eux, point de cagnotte scolaire ni d’encouragement extraordinaire mais la volonté de savoir, le désir d’apprendre. Savez-vous quel est le montant de la scolarité dans cette école ? 2 euros par mois, ce qui est une somme très lourde pour les familles lorsque l’on sait que le salaire moyen se situe autour de 50 à 60 euros et que le salaire d’un enseignant est de 80 euros.
Si j’ai abordé le début de cette chronique sur le ton de l’humour c’est pour ne pas être trop triste en ouvrant les yeux sur ce qui se passe, ici, chez nous en regardant notre nombril franco-français.
En conclusion j’hésite entre une image et une parole du Christ. Pourquoi pas les deux après tout. L’image c’est celle de ces statuettes de petits singes qui se cachent les yeux, se bouchent les oreilles et se bâillonnent la bouche. La phrase du Christ : « Ils ont des oreilles et n’entendent pas, des yeux et ne voient pas. »
Jusqu’à quand ?
Bonne journée tout de même.”

+ Jean-Michel di FALCO LEANDRI

Evêque de GAP et d’EMBRUN

On peut retrouver cette cronique sur le site du diocèse de Gap-Embrun : http://www.diocesedegap.com


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