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La Femme en vert

Publié le 15 octobre 2009 par Didier54 @Partages
- Petit à petit, les coups se résument a du pur sadisme parce que le seul pouvoir de l'homme violent détienne au monde, c'est celui qu'il exerce sur cette unique femme qui est son épouse, mais ce pouvoir n'a aucune limite puisque l'homme sait que la femme ne peut rien faire face à lui. Elle est totalement impuissante et complètement dépendante de lui parce qu'il ne se contente pas de la menacer elle, il ne se contente pas de la torturer avec la haine et la colère qu'il éprouve pour elle mais il la torture également avec la haine qu'il éprouve pour ses enfants en lui faisant clairement comprendre qu'il leur fera du mal si jamais elle essayait de se libérer de son emprise. Et pourtant, toute cette violence physique, toute cette souffrance et ces coups, ces os cassés, ces blessures, des bleus, ces yeux au beurre noir, ces lèvres fendues, tout cela n'est rien comparé aux tortures que l'âme endure. Une terreur constante, absolument constante, qui jamais ne faiblit. Les premières années, quand elle montre encore quelques signes de vie, elle essaie de chercher de l'aide, elle essaie de s'enfuir mais il la retrouve et lui murmure qu'il a l'intention de tuer sa petite fille et d'aller l'enterrer dans la montagne. Et elle le sait capable de le faire, alors elle abandonne. Elle abandonne et remet sa vie entre les mains de cet homme.
La femme regardait en direction de la montagne Esja et vers l'ouest où l'on pouvait distinguer les contours du glacier en haut du volcan de Snaefellsjökull.
- Alors son existence n'est plus que l'ombre de celle de son mari, poursuivit-elle. Toute résistance l'abandonne et avec la résistance, c'est aussi son désir de vivre qui s'évanouit, sa vie à elle se confond avec sa vie à lui, du reste, on ne peut plus dire qu'elle soit en vie car, en fait, elle est morte et elle erre, comme une créature de l'ombre à la recherche d'une échappatoire. Afin d'échapper aux coups, à cette torture de l'âme, et à l'existence de cet homme, parce qu'elle ne vit plus sa vie à elle et qu'elle n'existe plus qu'à travers la haine qu'il lui porte. Pour finir, c'est lui qui remporte la victoire. Parce qu'elle est morte. Et qu'elle est un zombie.
La femme marqua une pause et passa sa main sur les branches dénudées. (...)
- Y a-t-il quelqu'un pour condamner le meurtre d'une âme ? demanda-t-elle. Pouvez-vous me le dire ? Comment peut-on porter plainte contre un homme parce qu'il a assassiné une âme, est-il possible de le traîner devant un juge et de le faire reconnaître coupable ?
Arnaldur Indriadson, La femme en vert, pages 278 & 289.

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