Tu prends ton Vélib’, tu roules jusqu'à l’Elysée. Arrivé sur place, si la fenêtre du bureau de Nicolas Sarkozy est ouverte, tu écoutes. Avec un peu de chance, une douce mélodie devrait parvenir jusqu'à tes oreilles, une vieille rengaine de Jean louis Aubert : Voila c’est fini… Voila c’est fini…
Et oui, Cecilia s’en va (une nouvelle fois). Robe Prada et Paris-Match sous le bras elle est allée à Nanterre voir Philippe Courroye, procureur de la république et surtout intime de la famille (souvenez-vous l’affaire du duplex neuilléen, c’est lui qui avait gentiment classé l’affaire sans suite) pour demander le divorce et ainsi confirmer la rumeur qui courait depuis plusieurs jours déjà : les Sarkozy vont divorcer.
Seul problème pour Cecilia, la loi et plus particulièrement l’article 67 de la constitution, vestige de l’époque Chirac la magouille, selon lequel son mari bénéficie de l’immunité en tant que chef de l’état. Pour faire simple, l’épouse du président de la république ne peut demander le divorce puisque celui-ci ne peut faire l’objet d’aucune poursuite. Or le divorce passe par un juge et cette immunité vaut pour tous les domaines : pénal, commercial et dans le cas présent civil…
Seul échappatoire pour Cecilia : attendre que son mari propose le divorce. Sachant que la première rupture de mai 2005 était dû au départ de madame et qu’on savait celle-ci de plus en plus distante et agacée de son statut de première femme de France, un minimum de transparence et de logique voudrait que se soit Cecilia qui prononce le divorce et non l’inverse. La question qui nous brulait les lèvres ces derniers jours n’était donc pas « vont-ils divorcer ? » mais plutôt « comment vont-ils s’y prendre ? »
Réponse aujourd’hui peu après 13 heures : « Cécilia et Nicolas Sarkozy annoncent leur séparation par consentement mutuel. Ils ne feront aucun commentaire ». Hou, la belle esquive : une séparation par consentement mutuelle. L’honneur est sauf pour chacun des parties, réglons les choses entre adulte. Pourtant, si l’on creuse un peu dans nos textes de lois et qu’on fait appel à un expert, tiens, Norbert Foulquier par exemple, professeur en droit public interviewé ce matin dans Libération, on s’aperçoit que " même en cas de divorce par consentement mutuel, la difficulté juridique persiste : en effet, le juge doit vérifier la réalité du libre consentement des deux époux. Cette vérification nécessite une instruction, minimes, certes, mais les textes l’interdisent. "
En bref, Nicolas Sarkozy face à la loi fait un peu tout et n’importe quoi : d’un coté il fait bénéficier à sa femme de son immunité lorsqu’elle joue les ambassadrices de charme dans le cadre de l’affaire des infirmières bulgares lui évitant ainsi d’avoir à répondre de sa « mission » devant la commission d’enquête. Une aberration juridique totale et un beau flou international en perspective sur la réalité de cette libération. D’un autre coté, il se libère de cette immunité afin de pouvoir gérer tranquillement ces affaires de famille.
Au delà de la souffrance que constitue un divorce dans n’importe quelle famille française, il serait peut être temps de proposer une réelle transparence politique à un peuple qui se sent de plus en plus mené par le bout du nez.