Livre : Lyon, un chantier limousin ; les maçons migrants (1848-1940), par Jean-Luc de Ochandiano

Par Jean-Michel Mathonière

Lyon, un chantier limousin ; les maçons migrants (1848-1940), est le fruit des recherches de Jean-Luc de Ochandiano, doctorant en histoire. Il s’agit d’un gros volume et la mise en page est particulièrement soignée, sur papier fort, avec de nombreuses et belles illustrations, dont de rares photos de chantiers. L’auteur y retrace en détail la vie des maçons du Limousin à Lyon, qui était, avec Paris, leur principal lieu d’embauche jusqu’à la Grande Guerre. L’ouvrage fourmille de détails sur leurs conditions de vie dans les garnis, leurs méthodes de construction, le matériel des chantiers, les matériaux, ainsi que sur leurs groupements syndicaux, patronaux ou ouvriers et les mouvements sociaux auxquels ils ont participé.

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On remarquera entre autres un intéressant document émanant des différents syndicats du bâtiment lyonnais sur lequel est apposé celui des ouvriers charpentiers : le blason qui y figure est identique à celui des compagnons ou des renards joyeux. On constate en effet que le compas, l’équerre et la bisaiguë, disposés de la même façon, ont été utilisés par des groupements voisins mais pas identiques et ce seul exemple montre la prudence dont il faut faire preuve lorsque l’on rencontre de tels emblèmes, avant de les attribuer aux uns ou aux autres. La question se pose : s’agit-il d’un emprunt par des ouvriers syndiqués issus du compagnonnage des charpentiers ou l’expression de la volonté des ouvriers de « copier » les compagnons, de s’approprier leurs emblèmes ?

Un autre exemple est donné par l’en-tête du syndicat des maçons, qui nous montre un bel emblème… maçonnique. En fait, les imprimeurs disposaient de motifs vendus par des fondeurs de caractères typographiques et les proposaient à leurs clients, pensant qu’ils devaient leur convenir. Les maçons du syndicat lyonnais n’ont pas dû avoir conscience de l’usage initial du « logo » en question, à moins que, là aussi, il ne s’agisse d’un « détournement » volontaire.

Ce livre constitue donc une base documentaire inégalée pour les historiens et les compagnons soucieux de leur passé. Il est d’autant plus précieux que le métier de maçon n’a pas donné lieu à beaucoup d’études historiques.

Éditions Lieux-Dits, Lyon. Format 22 x 24,5 cm. 264 pages et 250 illustrations. 30 €.