Pedro BARATEIRO, Plateia
Lorsque l’idée d’Evento fut lancée, il fallut chercher quel thème serait soumis à la sagacité et à l’imagination des artistes : on leur colla dans les pattes un oxymore (Intime collectif, donc), et roule ma poule, fais ce que tu peux avec ça. Pas simple. On peut voir du collectif sans problème dans à peu près toutes les œuvres : leur caractère résolument urbain et voulu comme tel le permet facilement. Pour l’intime, c’est une autre paire de manches.
Néanmoins, l’œuvre présentée ici par Pedro Barateiro y réussit fort bien, alors que cette œuvre n’a pas été conçue pour Evento mais a déjà été exposée ailleurs avant. Un paradoxe de plus …
Intime ? Assurément. Ces chaises en plastique permettent à chacun de s’asseoir, de faire un break en regardant les badauds bader et les voyageurs transiter, comme sur ces photos prises devant la gare St-Jean. Ces chaises sont éloignées l’une de l’autre de manière assez inhabituelle pour un espace de repos public : il a fallu que je tende le bras pour choper la mimine de mon cher et tendre, c’est dire si c’est spacieux.
Collectif ? Forcément. Ces chaises sont attachées solidement à un socle de béton pas près de se désagréger ni de s’envoler. Collectif aussi par la monotonie de l’ensemble : qu’est-ce qui ressemble plus à une chaise en plastique noire que sa voisine chaise en plastique noire ? Collectif enfin par la disposition des chaises : tout le monde regarde dans la même direction, sauf à décider de se tourner vers le voisin pour papoter, collectif toujours, mais seulement si je veux.