En assumant avec dignité ses épreuves judiciaires, Dominique de Villepin s'est extrait de "l'immunité des puissants" se réconciliant ainsi avec le "sort de chacun" ; ce qui le démarque dans les circonstances actuelles.
Pendant des années, les espaces publicitaires des périodes des fêtes de fin d ‘année étaient animés par trois petits lutins censés être des " voleurs de couleurs ". Un des plus grands publicitaires Français avait eu ce slogan créatif pour promouvoir un grand équipementier de la photographie.
Aujourd'hui, à entendre les commentaires sur les relations entre les citoyens et leurs représentants nationaux pourtant élus, on pourrait désormais parler de " voleurs de pouvoir " tant le fossé paraît profond entre les élus et le peuple. Dans ce contexte, d'ailleurs très inquiétant, les moyens faciles sont nombreux pour tenter de rendre le " pouvoir " au peuple à l'exemple de la multiplication des votations ou des pétitions.
L'un des moyens les plus utilisés consiste aussi à parler avec les mots de tous les jours, voire même les mots des énervements de tous les jours. Mais est-ce seulement un enjeu de mots ?
Au-delà des mots, des concepts sont alors élaborés. Il est question de " fractures ", " d'ascenseur social en panne", de " France d'en haut qui devrait penser comme la France d'en bas " et tant d'autres concepts qui ont beaucoup fleuri ces dernières années. Mais là aussi l'enjeu réside t-il dans un concept ?
En réalité, au moment où il est désormais publiquement question de la coupure entre le " pays légal et le pays réel ", que traduit ce climat ?
Il traduit un sentiment profond que chacun a sa vie et que cette vie n'est plus commune mais constituée d'une multitude d'îles où règnent de terribles solitudes sans fin prévisible.
Dans cette ambiance, les décideurs publics deviennent étrangers puisqu'ils ne partagent pas la vie du "commun des mortels".
Là est la zone de fracture commune entre les trois dernières "affaires" : Polanski protégé par l'immunité artistique, Mitterrand protégé par l'immunité médiatique, Jean Sarkozy protégé par l'immunité présidentielle.
Comment modifier cette situation qui est d'abord celle d'un éclatement sans précédent ?
Ces immunités jouent alors que chacun a un besoin non rempli de protection quand les nouvelles pages prévisibles sont autant anxiogènes.
La crise n'a pas fait disparaître les peurs. Elle les met en évidence chaque jour.
Or, l'individu n'a jamais existé seulement en tant que tel. Il a toujours connu et eu besoin de repères collectifs. Le premier message de la période présente réside d'abord dans cet appel à la reconstruction de repères collectifs.
Si des repères positifs collectifs respectueux des valeurs fondamentales de notre société ne sont rapidement proposés, d'autres s'y substitueront : ethniques, religieux, sectaires, de pure proximité géographique (banlieues) …
Cette implosion produira des effets désastreux.
Cet appel des citoyens doit être entendu.
Les élus ne doivent pas être des architectes du rêve avec les discours puis devenir des architectes des décombres avec les actes.
Le second message est celui de la valeur d'exemple.
Les élus doivent redevenir des citoyens comme les autres, parmi les autres, avides d'aider les autres et pour cela ayant à coeur de toujours mieux comprendre les autres a fortiori quand ils sont différents, humbles et confronté à de grandes difficultés.
C'est cette bataille qu quotidien qui fera reculer le populisme en rétablissant la dimension exemplaire des décideurs publics dans leur parcours personnel.
C'est cette bataille du quotidien que Dominique de Villepin a ouverte avec son parcours des dernières semaines comme si l'ennemi d'un "ennemi" bénéficiait pour l'opinion d'une première qualité pour devenir ... un "ami".
Il lui appartiendra ensuite de l'appliquer à d'autres domaines en gardant le même ancrage de "partage de la vraie vie". Là est son nouveau défi.
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