Alors que la polémique autour de Frédéric Mitterrand est désormais derrière nous, une réflexion s’impose. Pourquoi toute la collectivité des journalistes – moi compris – n’avons pas profité de la nomination du nouveau ministre de la Culture au mois de juin dernier pour ressortir son livre « La Mauvaise vie » et poser alors la question de sa nomination ?
Poser cette question n’est pas prendre partie sur l’affaire Mitterrand mais plutôt s’interroger professionnellement sur ce manquement ou du moins sur cet oubli collectif.
Dans l’Express, Christophe Barbier reconnaît ce qu’il appelle « une erreur d’appréciation » alors que l’Express avait consacré sa Une aux premiers pas de Frédéric Mitterrand, rue de Valois en juin dernier.
Aurions-nous dû en parler à ce moment là ? Il me semble que oui et ce pour au moins deux raisons. Tout d’abord, cette nomination stratégique pour Nicolas Sarkozy devait être questionnée sur tous ces aspects : politiques, politiciens et même sur les points qui pouvaient poser problème. De plus, vu l’ampleur qu’a pris le débat ces derniers jours, il semble que le sujet méritait d’être souligné et qu’en le posant au mois de juin, nous aurions évité l’hystérie collective et la remise en selle du Front national qui a sorti l’affaire.
Pour en avoir discuté avec quelques confrères dans différents journaux, il ressort que si certains y ont pensé, ils ont préférés axer leur réflexion sur d’autres aspects de la personnalité de Frédéric Mitterrand. D’autres ont eu semble-t-il peur de la polémique que cela pourrait susciter et les troisièmes enfin ont tout simplement oublié (dont je suis) de regarder dans le passé de Frédéric Mitterrand lors de sa nomination.
Trois erreurs graves en tout cas qui font s’interroger sur notre pratique au quotidien. Pourquoi cet oubli ? Je n’ai pas de réponses définitives. Deux intuitions cependant. La peur de jetter l’opprobre sur un homme qui avait déjà répondu à toutes les questions lors de la sortie de son livre en 2005, et la peur de se voir traiter d’homophobe même si cela n’a rien avoir avec le sujet. Une autre erreur est de s’être laissé prendre par le jeu de mot facile : “Un Mitterrand chez Sarkozy” et d’avoir laissé l’exécutif nous raconter cette belle histoire…Storytelling quand tu nous tiens…
Dernier point : cela aurait-il du sortir auparavant ? Ma réponse est oui. Comme quoi, le journalisme n’est pas une science exacte. Comme quoi chaque évènement permet de réfléchir à nos pratiques.
Si d’aucuns, journalistes ou non, veulent réagir et donner leur sentiment, les colonnes de ce blog leurs sont ouvertes.