Nouveau paradigme dont la popularité croissante est liée au développement des services de micro-blogging et surtout à l’explosion récente de Twitter, le Real Time Web succède au « web 2.0 » (j’entends par ce mot la démocratisation progressive des usages participatifs et contributifs au sein de l’ensemble de la population internaute).
Les conversations en temps réel quittent désormais l’échelle interpersonnelle, à laquelle elles ont longtemps été cantonnées (cf. MSN et autres IM), pour prendre une ampleur massive, voire mondiale, susceptible à terme de bouleverser la structure même du web et de ses échanges.
Après plusieurs années d’interrogations sur les possibles usages de Twitter et leur finalité, ce dernier est de moins en moins exclusivement envisagé comme un outil individuel d’expression de soi (ex : « 12h15, omg j’ai mangé une pomme »), mais de plus en plus comme un outil d’écoute collective.
C’est ce dont témoigne par exemple la récente refonte de la home de Twitter et l’apparition d’une nouvelle génération de moteurs de recherche spécialisés, tels que :
Tweetmeme , Oneriot, Topsy , Scoopler, et Collecta.
Google n’est pas adapté aux problématiques du temps réel et cela pour des raisons structurelles. Il met du temps à référencer les contenus, car notamment :
- il s’appuie essentiellement sur le netlinking, critère grâce auquel il mesure l’autorité / popularité des sites, mais le netlinking évolue relativement lentement sur le web (VS les besoins des conversations en temps réel).
- afin de protéger ses utilisateurs du spam et de contrôler la qualité du contenu qu’il affiche, Google bloque les contenus qui connaissent des progressions trop rapides, les assimilant à des contenus suspects.
Pour l’anecdote, le magazine Wired relate que, le soir de la mort de Michael Jackson, les internautes ayant tapé le nom du roi de la pop sur Google auraient été bloqués, le moteur ayant assimilé la progression improbable de la requête à une attaque de logiciels malveillants.
Ces nouveaux moteurs contournent les difficultés rencontrées par Google en s’appuyant sur des stratégies de recherche différentes et en particulier sur Twitter.
Ils permettent aux internautes de s’enquérir en temps réel des conversations les plus populaires de la toile et des évènements marquants qui se produisent un peu partout dans le monde.
Si McLuhan considérait les medias en général comme des extensions de notre corps et de nos sens, il envisageait les medias électriques en particulier comme des extensions de notre conscience à cause de la rapidité des échanges qu’ils autorisent.
A l’aube du Real Time Web, le cours de l’histoire semble encore une fois lui donner raison, comme le suggère cette citation d’Edo Segal, spécialiste du sujet : « Google organized memory, Real-time search organizes ours consciousness ».
Source : Wired, oct 2009