éd. Hors collection, 112 p.
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L'image du Che aujourd'hui est encore omniprésente dans notre société consumériste et capitaliste. Un paradoxe pourrait-on dire car cet homme a sacrifié sa vie pour imposer au monde un modèle économique aux antipodes du nôtre et qui ne survit guère plus que dans les quelques derniers régimes communistes. La reproduction infinie de son visage a comme vidé de sa substance ses idées, Le Che n'étant plus devenu qu'un simple support marketing. Spain Rodriguez, tout comme le film actuellement en salle de Steven Soderbergh, redonne du sens à ce mythe en retraçant le destin de cet insatiable révolté.
La conscience sociale du jeune médecin argentin naît au cours de son voyage à motocyclette en Amérique latine. Le baroudeur prend fait et cause pour les peuples opprimés, il se lance dans la lutte armée après avoir rencontré Castro. Très vite il prend des responsabilités au sein du mouvement du 26 juillet qui renverse le gouvernement corrompu du dictateur Battista. Le Che, littéralement « mon gars » en espagnol, s'occupe pour un temps des affaires économiques et militaires de Cuba, y appliquant une politique marxiste. Mais le révolutionnaire, internationaliste, ne se contente pas de cette seule victoire. Il veut importer la guérilla partout où les peuples continuent de subir les impérialismes. Son incursion au Congo se solde par un échec, en Bolivie par sa mort. Voilà pour le sens de son image. Cette bio-graphic, didactique, redonne chair au Che : son portrait en noir et blanc est rendue avec précision. Vie privée et vie publique sont éclairées de façon remarquable. Un bémol toutefois ; on sait aujourd'hui que le che, s'il est une icône, n'était sûrement pas un saint. Et ce portrait plus sombre du personnage comme de Cuba d'ailleurs, ne transpire pas vraiment, sinon quelques fines gouttes ici et là.