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Jaune, orange, brun…

Par Frédéric Romano
Moi : Cette saison est déprimante…
Elle : Ha non, moi j’aime bien…
Moi : Je n’ai jamais dit que je n’aimais pas…
Elle (riant) : C’est vrai !

Quelle est votre couleur préférée ?“. J’ai toujours eu un problème avec cette question. Je la trouve stupide, c’est plus fort que moi. “J’aime le rouge” ! Oui mais quel rouge ? Le clair, le foncé, celui qui tire vers le rose, le rouge sang ? Et de quelle couleur est votre sang ? Bien futé celui qui décrira avec exactitude cette teinte. Pour ma part, je possède un moyen plus efficace pour parler des couleurs, une manière très peu scientifique, certes, mais une manière plus romantique. On s’accorde tous à dire que le bleu inspire l’évasion, que le vert et le jaune sont des couleurs gaies et que le rouge est plus violent. Tout naturellement, nous attribuons aux coloris des émotions en vertu des ressentis, des expériences et de notre vision du monde. La voilà la réelle finalité des couleurs, plus que de savoir lesquelles nous apprécions, il faut se poser la question : ”pourquoi nous les aimons ?“.

Je me sens bien dans une veste brune ou dans une chemise beige, j’aimerais porter plus souvent de l’orange et ma prochaine paire de basket sera jaune. Certains me diront : “tu aimes le brun, l’orange et le jaune” et je leur répondrai que j’aime surtout le passé, le présent et le futur. Voilà notre monde et son flux temporel résumé en trois couleurs et les centaines de teintes qu’elles peuvent produire. Sans signification définitive ou systématique, leur mélange, leur contraste et leur rendu m’inspirera toujours le temps qui passe, les choses qu’il emporte et celles qu’il apporte. L’Histoire est une grande table brune sur laquelle nous déposons des documents jaunis et des photos sépia. Nous la regardons, nous y prenons place, avec attention, amusement mais le plus souvent avec nostalgie. Nous nous perdons dans son étendue et la main tremblante, nous cherchons maladroitement la lumière. Nous allumons. Des tâches jaunes et noires stagnent brièvement dans nos yeux. Nous les frottons avant de les fermer quelques instants, pour chasser cette lueur trop violente et revenir au noir initial. Mais nos paupières montrent rapidement leurs limites. De par leur manque d’opacité, nous percevons le ton orangé que le monde extérieur projette sur notre rétine. Il faut ouvrir les yeux et découvrir cet univers présent où l’orange est symbole de plaisirs et de délices. On s’y attarderait volontiers, une minute, une heure ou une vie. Mais la curiosité est trop forte et nous tournons la tête vers l’infini où la lumière est plus claire et plus forte. Tout s’accélère et ce qui s’étend devant nous et au-delà de notre regard est désormais jaune.

J’aime le temps et ce dégradé qui va du brun au jaune. J’aime les transitions et j’aime l’automne. J’aime son odeur et celle de ses couleurs, tantôt acres, tantôt sucrées. J’y vois le mouvement et le dynamisme, la rotation d’un regard qui passe de gauche à droite. J’aime l’époque où tout meurt et tout s’écroule, l’instant d’une mort passagère et annuelle. Ce sont les mois qui sentent les premières bûches brûlées et les premières fumées. Ce sont les semaines où s’installent, dans les terrains vagues, les roulottes et les cirques. Ce sont des jours jaunes, orange et bruns qui nous font sourire, vivre et pleurer.


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