“Les merdes, disait Jacques Chirac, volent en escadrille”. Promu chef de la patrouille de France, Nicolas Sarkozy doit commencer à trouver le temps long. Les polémiques s’enchaînent les unes après les autres. Suffisamment pour que le flagorneur Jean-Pierre Raffarin déclare ce matin sur RTL “qu’il faut mettre de l’ordre dans la vie de la majorité présidentielle“. Suffisamment toujours pour que François Hollande estime que “le grand cirque des polémiques évite de parler du fond“.
La Sarkozie prend l’eau. Avant tout par “l’ouverture” voulue par le président. Après Bernard Kouchner, Frédéric Mitterrand, même s’il a toujours été un homme de droite, témoigne de la difficulté à faire appel à des transfuges ou des personnalités issues de la société civile.
Mais c’est par sa propre famille que Nicolas Sarkozy prête le plus le flanc. Dans le mauvais scénario d’un film qui pourrait s’intituler “itinéraire d’un enfant gâté“. Une nouvelle fois plutôt que de rester droit dans ses bottes et de serrer les dents, Nicolas Sarkozy retombe dans des travers qui rappelent l’épisode de son altercation avec un marin-pêcheur .
Bravache il est, bravache il restera. Hier à l’occasion de la présentation de la réforme des lycées, le président a fait un outrageux pied de nez à ses détracteurs.
“La création du Lycée par Napoléon 1er, c’est le geste fondateur de notre éducation nationale. C’est un geste qui signifiait, très concrètement, la fin des privilèges de la naissance. Cela voulait dire que désormais en France, c’est des écoles que sortiront les élites et pas la naissance. Cela voulait dire désormais que ce qui compte en France pour réussir ce n’est plus d’être “bien né”. Pour réussir, c’est travailler dur et avoir fait la preuve, par ses études, par son travail, de sa valeur. Principe de justice, mais aussi, en même temps, principe d’efficacité : car quel meilleur critère que celui du savoir et de la compétence pour désigner ceux qui doivent exercer des responsabilités ? 207 ans plus tard, la double exigence de justice et d’efficacité est toujours d’actualité“.
On peut s’interroger sur les motifs qui ont poussé le président à tenir de tels propos, avec le petit sourire qui l’accompagne (cf vidéo 1). A croire que Nicolas Sarkozy ressent comme un crime de lèse-majesté les critiques qui entourent la volonté d’asseoir son fils à la présidence de l’Epad. A moins que dans le plus pur cynisme, revenant sur ses engagements, il s’essuie allégrement les pieds sur les fondamentaux de la république.
Quoi qu’il en soit, nous sommes bien en présence d’un véritable tournant dans la présidence Sarkozy. A l’image d’une toile d’araignée dont on coupe l’un après l’autre les fils, l’effondrement qu’on n’attendait plus est brutal. Les coups de canifs répétés, la multiplication des frasques, l’appropriation et l’avilissement du pouvoir conduisent de fait, irrémédiablement, à une atteinte grave au pacte social.
On est donc loin, bien loin de la démocratie moderne que promettait Nicolas Sarkozy en 2007 (vidéo 2). Où est passée la gouvernance “irréprochable” du candidat UMP à la présidence ? Le bonimenteur de foire a roulé le chaland. Parti avec des promesses de réformes et de rupture censées renforcer la France, il ne retrouve aujourd’hui qu’un renforcement personnel du pouvoir du Chef de l’Etat.
Le bruit des casseroles qui accompagnent désormais le cortége présidentiel couvre la lointaine musique des promesses de campagne. On en regretterait presque le doux son du choc de la gourmette en or sur la Rolex.