Je ne savais pas.
Qu’il était drôle.
Henri Guaino.
Pourtant, il l’est.
Ainsi, mardi matin (le 13 octobre 2009) sur RMC, quand montant au créneau pour défendre Jean Sarkozy, il asséna que le fils du président n’avait “pas plus de droits que d’autres, pas moins non plus”.
Nonobstant le fait que cette formule (lassante) nous ramène à … Nicolas Sarkozy qui se plaît (et complaît) à nous rappeler qu’en tant que chef de l’État, il ne doit pas être traité “ni mieux, ni moins bien qu'un autre", ou, qu'il n'est pas "au-dessus des lois, mais pas en dessous, non plus", n’est-ce pas cocasse d’entendre qu’un jeune homme de 23 ans venant de redoubler sa première puis sa seconde année de Droit n’a “pas plus”, “ni moins” de … “droits” qu’un autre ?
Sans doute suis-je “bon public”, mais vois-tu, ça m’a fait la matinée.
Je pensais bien naïvement qu’ainsi repu, en cette période de vaches maigres, le reste de la journée allait tristement s’étirer, quand soudain, je vis dans mon écran surgir “ni plus”, “ni moins” que .. Nicolas Sarkozy.
Diantre, me disais-je ! L’affaire est-elle si grave, “plus” encore que le chômage galopant, mais “pas moins” que le déficit abyssal de l’État, pour que le président de la République vienne, en personne, s’expliquer sur cette nomination .. cette élection dont son fils était, à son corps défendant, la principale victime ?
Je me souvins, subrepticement, que l’un des buts de cet homme était de “bâtir une justice qui protège les victimes”.
Quoi de plus normal, alors, qu’il vole au secours de son fils, non parce qu’il est son fils [ .. un ange, blond de préférence, passe … ] mais parce qu’il se trouve, actuellement, le rejeton, être la victime expiatoire d’une gauche (forcément sectaire) ou d’internautes (forcément lyncheurs).
Or, pas du tout !
Monsieur Sarkozy, en lieu et place de Luc Chatel, “présumé” Ministre de l’Éducation nationale, venait tout benoitement (comme dirait François Fillon de retour du Vatican) nous présenter sa réformette .. sa grande et belle réforme des lycées.
Comment aurais-je pu me douter que j’allais m’esclaffer “plus” encore, mais “pas moins” non plus, que plus tôt dans la matinée ?
Comment aurais-je pu deviner que Nicolas Sarkozy était aussi drôle que son “nègre” attitré [*] ?
Pourtant, ce fut le cas.
Quand il déclara que le lycée, créé par Napoléon, signifiait “la fin des privilèges de la naissance”.
Puis ajouta que :
“Désormais ce qui compte en France pour réussir, ce n’est plus d’être bien né. C’est d’avoir travaillé dur et d’avoir fait la preuve, par ses études, de sa valeur”.
Je dois avouer que de rire, je redoublais, mais aussi, avais peine à croire ce que Jean .. ce que j’entendais.
Tout de même, ce ne pouvait pas être vrai ? Ce devait être un film ! Et d’ailleurs, ne proposait-il pas, un peu plus tard, avec énormément de Funès … de finesse, d’installer des ciné-clubs dans les lycées ?
Alors comme ça, Guaino et Sarko seraient nos Groucho et Chico à nous ? …
... Non, pas ceusses des Marx Brothers, quand bien même voudraient-ils moraliser le capitalisme (autre blague à succès, cela dit, du “couple” présidentiel) non, ceusses qui sévissaient dans “Les Enfants du Rock” d’Antenne 2. Antenne 2, qui dois-je le préciser, ne fut jamais, qualitativement parlant, “au dessous” de Tf1, mais pas en “en dessus” de FR3, non plus.
Quand je pense que des malotrus, des malpolis, osent, jusque dans le Times, évoquer une République "bananière", alors qu’en réalité, nous avons là, avec Henri, Nicolas, deux comiques de première dont le seul souci est de nous filer la banane.
La “cheupé”, pour parler le jeune d’avant-hier !
Et justement, puisqu’on en cause, il vint clore cette hilarante journée, le jeune. Le Jean. Celui de 23 ans. “Un âge trop petit pour un poste trop grand” soliloquerait la marionnette de Frédéric Mitterrand de “Les Guignols de l’Info”.
Le voilà donc dans le JT de France 3 Paris/Ile-de-France, notre redoublant, brushing impeccable, mirettes coiffées d’une improbable paire de lunettes. Improbable, car, va savoir si c’était fait "tout exprès" (j’ai la faiblesse de penser que oui ..) elle le vieillissait. Et de surcroît, lui donnait l’allure du "bon élève".
Et il l’est.
Je veux dire qu’il a tout bien appris de son père. Sur le bout des doigts. Comme lui, il cumule les fautes de français (“Rompez le silence, c’est pas vraiment ..” ou : “La question est de quoi est-ce qu’il s’agit ?”) les aphérèses (“Chuis un élu comme les autres”) les questions que personne ne lui pose (“Croyez-vous que je me suis tourné les pouces depuis deux ans ?”) et le volontarisme biffé de toute négation (“J’ai pas envie de me plaindre, j’ai envie d’agir”).
Mais il était surtout écrit que cette journée serait drôle jusqu’au bout. Et gloire au Prince, grâce à qui, elle le fut. Quand balayant la polémique sur son jeune âge (alors que la seule interrogation, en fait, porte sur ses éventuelles compétences pour le poste auquel il prétend ) il fit mine de s’offusquer, nous demandant ce qu’on voulait à la fin, nous qui, depuis toujours, réclamions, je le cite, tant c’est savoureux :
“Un renouvellement de la classe politique !”
.. Oui, tu as bien lu, il l’a dit. Lui, Jean Sarkozy, qui déjà parle comme un vieux (briscard) de la politique, qui use des mêmes ficelles, des mêmes arguments, de la même langue de bois, brandit son âge comme un étendard et te balance qu’il est synonyme de “renouvellement de la classe politique” !
Je n’irai pas jusqu’à dire que ce godelureau est plus drôle que son père, disons, selon l’expression abstruse mais consacrée, qu’il ne l’est “pas plus” mais “pas moins”.
Toujours est-il que d’entendre un Sarkozy dire qu’il représente le renouvellement de “sa classe” alors qu’on se fade, sans discontinuer, son père depuis sept longues années, c’est vraiment, mais vraiment très drôle.
Pour conclure cette putain de journée, je tiens à dire, sereinement, calmement, à tous ceux qui voient des nains ou des #jeansarkozypartout et considèrent le "Prince Jean" comme un jeune homme pressé, plus encore que ne l’était son père à son âge, qu’ils se trompent. Car Nicolas n’a pas attendu l’Université, lui, pour doubler une classe.
C’était fait dès la sixième.
En d’autres termes, Jean, tout Sarkozy qu’il est, n’est “pas plus” rapide que son père. Qui ne l’est “pas moins”, non plus.
[*] Oui, Guaino, tout le monde le sait, est, depuis la campagne présidentielle 2007, le “nègre” de Nicolas Sarkozy.
Accédant à la fonction suprême, notre monarque n’aurait pas dédaigné en avoir quelques autres sous la main. Seulement voilà, son éminence, grise, le Sieur Hortefeux, celui-là même doté d’un humour massif (central) le lui déconseilla fortement, arguant que :
“Un nègre, ça va, c’est quand il y en a plusieurs que ça pose des problèmes."
Tu vois, on n’a pas fini de se marrer avec “ces gens-là” …