par Didier Testot
Un clin d'oeil au prix Nobel d'économie décerné cette semaine à une Américaine, Elinor Ostrom, première femme récompensée et à un Américain Olivier Williamson, pour leurs travaux montrant que l'entreprise et les associations d'usagers sont parfois plus efficaces que le marché.
Dans la sortie de crise que tout le monde souhaite sans avoir aucune idée du moment de sa matérialisation, le débat sur l'efficacité de l'Etat et l'efficacité des acteurs privés, les banques dans cette crise financière, restent d'actualité, si l'on veut en tirer des leçons efficaces.
Selon le comité Nobel, lors de la remise du prix devant la presse : «Ils veulent comprendre des organisations qui ne sont pas des marchés (...) et ils montrent comment ces institutions résolvent les conflits».
Elinor Ostrom, de l'Université d'Indiana, est récompensée par le comité «pour avoir démontré comment les biens communs peuvent être efficacement gérés par des associations d'usagers». Selon le comité toujours,
elle a «remis en cause l'idée classique selon laquelle la propriété commune est mal gérée et doit être prise en main par les autorités publiques ou le marché».
En se fondant sur de nombreuses études sur la gestion par des groupes d'usagers des ressources en poissons, en élevage, les forêts ou les lacs, la lauréate Elinor Ostroma a démontré que leur organisation était souvent meilleure que ne le croit la théorie économique.
Source : photo AFP
Du côté d'Oliver Williamson, enseignant à l'université de Californie de Berkeley,, le Nobel a récompensé son "analyse de la gouvernance économique, notamment les frontières de l'entreprise». Olivier Williamson expose dans sa théorie que l'entreprise s'est imposée comme modèle économique dominant parce qu'elle facilite la gestion des conflits et réduit les coûts grâce à la hiérarchie, mieux que les marchés où dominent souvent les négociations et les désaccords. Selon le Comité Nobel, L'inconvénient, souligné par la théorie de l'organisation de Williamson, est que "l'autorité peut être abusée".
Faut-il voir dans ce prix Nobel d'économie un effet d'annonce alors que la croyance "en ce que les marchés financiers ont toujours raison" reste d'actualité, malgré l'ampleur de la crise, et alors que certains acteurs ont déjà la tentation de replonger dans les erreurs du passé ?
C'est toute l'originalité de ce prix d'économie, qui à l'origine ne faisait pas partie du Nobel, et cette distinction apporte en tout cas au débat économique.