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2007 : vaincre la malédiction des années en 7

Par Thierry Roussillon

Le millésime 2007 restera gravé dans les mémoires des vignerons pour la succession d'émotions fortes qu'il aura suscité, et il aura fallu des nerfs solides pour en tirer tout le potentiel s'annonçant d'ores et déjà comme exceptionnel.
Un début de printemps chaud et sec laissait présager une année très précoce, puis un été assez frais et humide a démenti cet espoir tout en favorisant les maladies cryptogamiques.

Grâce au ciel, les conditions météorologiques du mois de septembre et octobre ont permis une bonne fin de maturation des raisins et encore une fois nous vérifions l'influence déterminante des dernières journées ensoleillées avant la récolte.
Nous avons débuté les vendanges le 24 septembre pour récolter les parcelles de Merlot les plus précoces, et nous avons commencé à vendanger les Cabernet Sauvignon le 8 octobre pour finir le 16 octobre sous un soleil radieux et des températures estivales.
Les raisins sont très colorés avec des pellicules épaisses et riches en polyphénols, mais les conditions humides pendant la floraison ont provoqué de la coulure localement importante et les rendements sont faibles, généralement proches des 40 hl par hectare.
Ces faibles rendements associés aux conditions climatiques exceptionnelles de ce dernier mois induisent des concentrations naturelles assez étonnantes.
Les premières cuves de Merlot sont prometteuses avec de belles couleurs très denses et une structure tannique solide et élégante.

La divine surprise viendra certainement des Cabernet Sauvignon; les premiers remontages au bout de 2 ou 3 jours de macération nous montrent tout le potentiel de ce cépage en cette année 2007. Noirs comme de l'encre, les jus encore sucrés explosent en bouche de toute la palette des arômes du Cabernet bien mûr. Myrtille, cassis, mûre, nous n'avons que l'embarras du choix pour qualifier cette symphonie de fruits rouges caractéristiques des grandes années.

Toute notre attention est désormais focalisée sur la surveillance des vinifications et la gestion de l'extraction des anthocyanes et tanins de la pellicule. Il faut extraire tous les bons polyphénols, et Dieu sait s'il y en a suffisamment cette année, mais en faisant très attention à ne pas extraire des tanins trop durs et secs. Le qualitatif avant le quantitatif, telle peut être notre devise pour les vinifications 2007.
Les 15 prochains jours seront déterminants à cet égard et le millésime 2007, pourtant mal parti va sans certainement rivaliser avec certaines années de référence telles que 1985 ou 1986, et vaincre enfin la malédiction des années se finissant par 7.

Jean-Michel Lapalu


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