Bien informer en .fr, c’est possible

Débat passionnant et passionné ce jeudi matin 8 octobre 2009, sur le thème « Bien informer en .fr, est-ce possible? », avec la participation de Jean-Maris Charon, sociologue, chercheur à l’EHESS, Pierre France, journaliste multimédia aux DNA, Pierre Haski, directeur de Rue89, Sylvain Lapoix, journaliste à Marianne2 et Eric Mettout, rédacteur en chef de L’Express.fr.

Impossible pour moi d’en faire un compte-rendu exhaustif (et de rendre compte de toutes les nuances du débat), car j’en assurais l’animation, mais quelques points à retenir, qui furent l’objet de discussion assez vives, ainsi que les premiers résultats de l‘enquête sur les rédactions.fr, réalisée par Jean-Marie Charon  [j'en publie le texte exhaustif à la fin de ce post].

- le journalisme de conversation est sans doute l’un des éléments les plus importants parmi les mutations que connaît actuellement le journalisme. Plusieurs intervenants ont montré que c’était un moyen d’abaisser la « barrière », qui existe entre les journalistes et leurs lecteurs/internautes, et ajoute Pierre Haski, « un moyen pour les journalistes de retrouver leur crédibilité ». Reste la question de la manière de gérer cette activité chronophage. Toutefois, pour tous les intervenants de la tribune, c’est un incontournable.

-  aujourd’hui, c’est sur Internet que le journaliste bâtit sa réputation. Sylvain Lapoix va jusqu’à évoquer l’idée que chaque journaliste devra construire, développer et entretenir son personnal branding (l’expression elle-même sera vivement contestée notamment par Pierre Haski, mais il n’en contestera pas la notion)

- la gestion du temps est une question centrale. Ici, Pierre France a montré que cette « maîtrise du temps » était l’un des principaux atouts du web.

- la question du « journaliste shiva », ou « journaliste couteau suisse », c’est-à- dire l’aptitude à travailler à la fois, le texte, le son, la vidéo a été largement évoquée. Les intervenants ont souligné qu’il s’agissait non de couvrir un événement avec en réel multimédia, mais plutôt de connaître ces différents outils, pour choisir celui ou ceux qui est (ou sont) le(s) plus adapté(s) pour en  rendre compte, sachant que pour l’instant, une écriture réellement multimédia n’a pas encore été trouvée.

- Il est souvent reproché aux rédactions web de ne pas pratiquer le journalisme de terrain et de se contenter de « bâtonner des dépêches d’agence ». Fausse question, pour Pierre Haski:  « Rue89 n’utilise pas les services des agences ». Fausse question aussi pour  Eric Mettout, qui estime que le « terrain » pour un journaliste web c’est aussi… le web.

- la question du manque de moyens des rédactions web n’a été qu’esquissée (elle renvoie pourtant aussi au point précédent). Mais à la tribune les responsables de site (Eric Mettout et Pierre Haski) ont été affirmatifs: nos journalistes sont employés en CDI et les pigistes sont rémunérés. En revanche, le modèle économique de ces sites ne permet pas de rémunérer les « experts », blogueurs associés, etc. Enfin, ajoutait Sylvain Lapoix, il ne faut confondre la « question des moyens avec celle de l’efficacité. »

Enfin dernier point Jean-Marie Charon a présenté les premiers résultats d’une enquête au long cours qu’il mène sur les « rédactions.fr » en France, qui est ici en partage.

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[Pour suivre  ces Assises, les étudiants du CUEJ de Strasbourg tiennent un blog, ainsi que ceux du CFJ  dont le blog s'appelle  "réinventer le journalisme"]