Sur le plan institutionnel, cette édition des Assises aura été marquée par les annonces [en différé, Frédéric Mitterrand devant se défendre à TF1, des accusations proférées à son encontre par Marine Le Pen], le 8 octobre, du ministre de la Culture et de la Communication:
• mise en place d’un statut des éditeurs en ligne [ce qui explique la création du Spiil], et 20 millions d’euros destinés à créer un fond de soutien au développement de la presse numérique.
• mise en place d’un plan sur la formation au numérique des journalistes, avec un engagement de l’État à hauteur de 18 millions d’euros, sur 3 ans. Cela se fera à l’occasion d’un dispositif Edec (Engagement de développement de l’emploi et des compétences).
Mais Le Monde dans son édition datée des 11 & 12 octobre, révélait que « l’organisme paritaire chargé de décider de l’emploi de ces fonds, la CNPEF Presse, a choisi de les utiliser pour toutes les catégories de personnel des entreprises de presse, c’est-à-dire ouvriers du Livre, commerciaux et personnels administratifs, en plus des journalistes ». En clair, les 18 millions d’euros ne vont pas aller aux seuls journalistes, et ces fonds, qui devaient servir à permettre une amélioration des contenus rédactionnels sur le web, sont en partie détournés de leur but.
• engagement pour soutenir une plus grande « diversité » dans les médias.
Participation aux Assises. La fréquentation était un peu plus élevée que lors des 2 premières éditions qui s’étaient tenues à Lille. Certainement plusieurs centaines de participants, auxquels il faut ajouter ceux qui ont participé à la partie « grand public », les 2 jours précédents les Assises proprement dites. Une nouveauté, la présence plus importante d’universitaires, et la participation de dirigeants d’entreprise de presse.
Prix des assises 2009. Cette année trois prix était décernés.
• Les deux premiers, choisis par le Jury des Assises [dont je fais partie], sont destinés à récompenser deux livres « qui interrogent le mieux le journalisme et sa pratique », l’un étant rédigé par un journaliste et le second par un universitaire. Cette année, le jury était présidé par Audrey Pulvar, journaliste à iTélé. Un troisième prix, délivré par un jury d’étudiants en journaliste est destiné à récompenser un livre d’investigation écrit par un journaliste.
• Avec « Sans blessures apparentes » Jean-Paul Mari, grand reporter au Nouvel Observateur obtient le prix de la catégorie « enquête ». Dans ce livre, il décrit les dégâts psychologiques et psychiatriques que provoquent, en particulier chez les journalistes, les horreurs auxquelles ils assistent en couvrant des conflits [lire ici, le compte-rendu - publié chez Robert Laffont, 2008]
• le prix de la catégorie « Document et recherche » a été attribué à Julie Sedel, pour Les médias et la Banlieue (Bords de l’eau, avril 2009). Elle y montre à travers un enquête sociologique serrée pour laquelle elle a rencontré aussi bien des jeunes des quartiers que des journalistes chargés de traiter ces questions, que « la médiatisation apparaît comme un processus à l’intérieur duquel les médias sont de plus en plus devenus des acteurs de la réalité sociale qu’ils prétendent seulement ‘enregistrer ‘ ou ‘photographier‘ « .
• Luc Folliet, pour Nauru L’île dévastée (La Découverte, 2009), où il décrit une île dévastée sur tous les plans (écologique, économique…), obtient le prix d’investigation.
La qualité des débats. Je n’ai pu participer à l’ensemble des débats (4 ateliers chaque matin!), mais ceux auxquels j’ai pu assister, m’ont semblé intéressant et de bonne tenue. Reste le point noir du débat final, où la question de l’avenir de l’information était traitée par un retraité (Jean Miot), un éditeur de presse magazine (François d’Orcival) très ancré dans un vision passéiste et qui ne comprend visiblement pas certaines évolutions en cours (Internet, la place du lecteur…) le tout étant animé par un retraité de la télévision (Bruno Masure). La présence d’Edwy Plenel, le fondateur de MediaPart, ne pouvait à elle seule compenser…
L’avenir. Les prochaines Assises se tiendront-elles à Strasbourg? Difficile à dire aujourd’hui, tant cela dépend de multiples facteurs, mais l’accueil du Conseil de l’Europe (et la qualité de ses installations), ainsi que celui des collectivités territoriales alsaciennes (maire, conseil général et conseil régional) plaiderait pour une reconduite dans cette ville. En revanche, l’absence du moindre compte-rendu dans la presse locale (DNA, L’Alsace) est totalement inexplicable.
Il faudra aussi sans doute introduire des innovations. J’en propose une, la création de workshops, où les participants pourraient travailler avec des spécialistes de tel ou tel domaine : web-documentaire, référencement, écriture multimédia, travail sur le son… la liste est infinie…
• Pour plus de détails sur ces Assises, on peut se reporter au blog des étudiants du CUEJ, à celui des étudiants du CFJ , « réinventer le journalisme« , ainsi qu’au site Journalisme.com.