André Spire

Par Florence Trocmé

On trouvera une biographie très développée et une bibliographie complète, avec une liste d’articles critiques, sur ce site dont j’ai tiré l’essentiel de mes informations :
André Spire est né le 28 juillet 1868 à Nancy, dans une famille juive très unie de la bourgeoisie aisée, fixée depuis des siècles en Lorraine. En 1877, il entre au lycée de Nancy et y fait presque toutes ses études. Il a évoqué ce que fut sa jeunesse, dans la préface de 1959 à Poèmes juifs : « Ma jeunesse dans une famille de Juifs lorrains dont on trouve des traces à partir de la moitié du xviie siècle, Juifs paysans cultivant leur terre depuis que la Révolution française leur a reconnu le droit de la posséder. Jeunesse heureuse, sportive, marche à pied sac au dos, cheval, chasse, pêche, vie sous la tente au bord de mes limpides Meurthe et Moselle que lecapitalisme de la métallurgie et des produits chimiques n’avait pas encore tout à fait empoisonnées. (Albin Michel, p. 11)
Il commence à écrire des poèmes romantiques à partir de la seconde ; le baccalauréat en poche, il entreprend des études de droit et, parallèlement, des études de lettres qu’il abandonne après son service militaire. En 1891, il obtient brillamment une licence de droit. André Spire continue alors ses études de droit à Paris à l'École des Sciences politiques. En décembre 1893, il est reçu au concours du Conseil d'État et il y est nommé auditeur ; il reste quelques années à ce poste avant de rejoindre plusieurs ministères ; il est nommé Inspecteur général au ministère de l’Agriculture, poste qu’il occupe jusqu’à sa retraite en 1926..
Très actif tout au long de l’affaire Dreyfus, après le J’accuse de Zola, en 1898, André Spire prend part aux réunions d'une société fondée par un ancien ouvrier libertaire, Georges Deherme, société qui se rattachait au mouvement des Universités populaires de l’époque. Il rencontre Daniel Halévy et fonde avec lui l’Enseignement mutuel dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Il fréquente la librairie de Charles Péguy, qui devient un ami. Il n’avait pas cessé d’écrire et publie en 1903, à compte d’auteur, La Cité présente. Deux ans plus tar, Péguy donne dans ses Cahiers de la Quinzaine un nouvel ensemble, Et vous riez !
En 1902, au cours d’une mission à Londres pour le ministère du Travail, il découvre ce qu’est l’immigration juive en Angleterre, celle des Juifs de Pologne et de Russie fuyant les pogroms, et en même temps la terrible exploitation de la communauté juive. En même temps, à son retour à Paris, il lit le Chad Gadya d'Israël Zangwill publié par Péguy. Le livre lui révèle un écrivain, mais aussi le judaïsme. Il lit toute l’œuvre et rédige un essai sur Zangwill, suivi en 1913 de Quelques Juifs, où il a pour objectif « d'essayer d'arracher le Judaïsme français à son individualisme, à son égoïste aveuglement ».
Pendant la Première Guerre mondiale, il dirige l’entreprise familiale à Nancy (son frère a été mobilisé) pour préserver du chômage les ouvriers. En même temps, il est chargé d’aider à la reconstruction de l’agriculture dans les régions dévastées par la guerre. Après la publication de son livre Les Juifs et la paix, en 1917, il fonde en janvier 1918, avec quelques intellectuels, la Ligue des Amis du Sionisme. En 1920, au cours d’un voyage en Palestine, il rencontre les colons juifs qui, fuyant les persécutions, s’y sont installés. Désormais, André Spire consacrera son énergie à aider les Juifs qui cherchent un asile, notamment à partir de 1933 quand Hitler s’installe au pouvoir.
En 1940, après la promulgation des lois anti-juives, il part en exil aux États-Unis. À partir de 1942, et jusqu’en 1946, il occupe la chaire d'Histoire de la Poésie française à l'École Libre des Hautes Études de New York. À son retour en France, il prend part à la vie littéraire, notamment en publiant en 1949 Plaisir poétique et plaisir musculaire, chez José Corti, et en 1953, chez le même éditeur, une anthologie, Poèmes d’Hier et d’Aujourd’hui.
André Spire est mort le 29 juillet 1966.
Bibliographie
Parmi l’œuvre importante d’André Spire, nous retenons les livres de poésie et le livre et les articles de technique poétique.
Poésie
La Cité présente, 1903
Et vous riez !, 1905
Versets (Et vous riez !; Poèmes juifs), 1908
Vers les routes absurdes, suivi de la Grande Danse Macabre, 1911
Et j'ai voulu la paix !, 1916
Le Secret, 1919
Poèmes juifs, 1919
Tentations, 1920
Samaël, 1921
Fournisseurs, 1923
Poèmes de Loire, 1929
Instants, 1936
Poèmes d'ici et de là-bas, 1944
Poèmes d'Hier et d'Aujourd'hui, 1953
Poèmes juifs, édition définitive, 1959.
Technique poétique
Sur la technique du vers français, Mercure de France, 1er août 1912.
Le vers français d'après la phonétique expérimentale, Mercure de France, 16 juillet 1914
Robert de Souza et la poésie pure ; Europe, 15 février 1927
La bouche et l'oreille, Revue de Paris, 1er février 1934
Pour la technique, Europe, 15 juin 1938
Plaisir poétique et plaisir musculaire, New York et Paris, Vanni et José Corti, 1949
Valéry est-il tabou ?, Lettres françaises, n° 268-273, 1949.
Un grand historien du vers français, Georges Lote, Lettres françaises, 3 novembre 1949
Georges Lote, historien du vers français, Critique, novembre 1950
Éluard et le vers libre, Europe, numéro spécial Éluard, 1954

Un site très riche sur André Spire

Contribution de Tristan Hordé