« Réinstaller la police de Vichy » ?, c’est pas ces mots que Jean-Pierre Dubois, président de la Ligue des droits de l’homme, entame une tribune libre dans l’Humanité du 30 septembre 2009. Qu’apprend on par son intermédiaire ?
Le Préfet de l’Essonne a lancé un appel à la délation en utilisant, entre autres, les nouvelles technologies.
Vous voulez dénoncer votre voisin étranger sans papiers ? Vous débarrasser d’un SDF qui dort sur le trottoir près de chez vous ? Faire coffrer les jeunes qui font trop de bruit dans le hall de votre immeuble ? Aucun problème, le directeur départemental de la sécurité publique dans l’Essonne a pensé à vous : une lettre anonyme et le tour est joué. L’Humanité du 30/09/09
Donc, depuis quelques semaines, les habitants de l’Essonne peuvent envoyer un mail (police-ddspinterieur.gouv.fr) pour transmettre tout "témoignage, photographie et vidéo", la "confidentialité est garantie". Au délà de la question difficile de la délation, la garantie de son anonymat est totale. Pensez donc, c’est l’Etat qui garantie... MMMmmm... Autant l’acte pourrait être citoyen (Et encore !) de dénoncer des actes répréhensibles, autant, de façon anonyme, cela rappelle les heures les plus noires de l’histoire de l’Etat français. D’ailleurs, les premiers intéressés ne s’y sont pas trompés !
Une dépêche AFP du 19 septembre fait état d’une réaction au nouveau système de l’Essonne craignant "une impression de réinstaller la police de Vichy". Déclaration de « droitsdel’hommiste » angéliste ou de trublion irresponsable ? Pas du tout : ces propos sont ceux du secrétaire général du syndicat Alliance. Un des meilleurs soutiens policiers du toujours plus répressif proteste contre des méthodes rappelant le régime de Vichy. L’Humanité du 30/09/09
Pourtant, leurs homologues du syndicat des commissaires de la police nationale, "c’est une façon pour les habitants de signaler à la police, de manière feutrée, des faits de délinquance qui les touchent". On légalise, démocratise et développe le personnage cher aux séries et films policiers, "l’indic" !
Le Gouvernement salue l’initiative par la voix de Frédéric Lefèvre qui voit en cela un "devoir républicain". Pourtant, il y a peu, quelques personnages au plus haut de l’Etat dénonçait la surveillance généralisée et la délation :
- Henri Guaino à ses amis politiques dans le cadre de l’affaire "Brice Hortefeux / Auvergnats" : "Je ne crois pas à la société de la délation généralisée, de la surveillance généralisée (…), la transparence absolue est le début du totalitarisme."
- Nicolas Sarkozy en 2007 devant le MEDEF : "À quoi sert-il d’expliquer à nos enfants que Vichy et la Collaboration c’est une page sombre de notre histoire et de tolérer des contrôles fiscaux ou des enquêtes sur dénonciation anonyme ?"
Donc, la délation, c’est bon pour Mohamed, Jean Pierre et Paulo, du quartier des 4000 fleurs, mais pas pour les tenants de l’ordre morale, économique, financier et politique !
Et ce n’est pas le premier essai du directeur de la police de l’Essonne :
en 2006, la Ligue des droits de l’homme avait fait reculer le même dispositif dans le Var, qualifié alors par le ministère d’initiative locale incontrôlée. L’Humanité du 30/09/09
Cela fait deux fois que l’initiative locale est incontrolée... Le Ministère de l’intérieur ne tient donc plus ses fonctionnaires ! Catastrophique ! Ou "foutage-de-gueule" ? Ou pire encore, test par l’expérimentation locale que "dénoncer" est bon pour la France !?