Magazine Cyclisme
Photo cor. NR, Aurat
« C’est angoissant, et il faut savoir pousser les portes très fort. »
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Autorisation du 03.02.2005
Samedi, Rudy Lesschaeve, 24 ans, a bouclé sa saison sur le chrono de Saint-Ouen. L'an prochain, il ne passera pas pro, mais il espère encore. Très fort.
Arrive-t-il en bout de course ou est-il à l'orée d'un tournant ? Touche-t-il de tout près l'ingratitude de ce sport, ou s'apprête-t-il à découvrir le grand bain, enfin ?
Ces questions, Rudy Lesschaeve, coureur vendômois de 24 ans, formé avec – entre autres – Brice Feillu, se les pose souvent. Pour ne pas dire tout le temps. « C'est angoissant, reconnaît-il. C'est franchement dur de ne pas trop savoir de quoi demain sera fait, mais je ne suis pas loin… »
L'an prochain, Rudy Lesschaeve, vice-champion régional juniors – entre Jonathan Hivert (aujourd'hui chez Skil-Shimano) et Brice Feillu (Vacansoleil l'an prochain), ratera donc le train des professionnels. Il repartira, pour une deuxième saison, sous les couleurs du CC Nogent-sur-Oise. Considéré comme l'une des meilleures structures amateurs de France. « Tout se jouera l'an prochain, c'est évident. C'est l'année où jamais ! J'espérais faire mieux cette saison, progresser plus vite, mais je suis passé souvent à côté de victoires. Des places de deuxième, troisième, ça ne m'intéresse plus. J'ai été présent, mais pas transcendant ! »
Des choses à changer dans l'approche des courses ? « Peut-être prendre plus de risques. Oser davantage. Essayer, aussi, de sélectionner plus mes objectifs. Gagner en puissance, aussi. »
Forcément, les recruteurs se sont fait plus discrets qu'ils ne l'espéraient. « J'ai bien eu quelques contacts avec des équipes “ Continental ”, mais rien de très sérieux. » Ce coureur qui se définit, sur ses CV, comme un puncheur, pèse avec réalisme : « Vu la période économique, c'est compliqué. Mais les portes, il faut savoir les pousser tout seul ! Être au bon endroit au bon moment. Ça se joue souvent à peu de choses. »
Et Rudy Lesschaeve d'évoquer donc cette loterie. « C'est du poker. C'est beaucoup de boulot pour pas grand chose à l'arrivée. Mais c'est une guerre et l'on doit l'accepter. »
“ Si j'échoue
l'an prochain
j'arrête ”
En fin de saison prochaine, le Vendômois sera donc fixé. A l'heure du bilan, s'il devait de nouveau manquer la marche, « j'arrêterai de courir à ce niveau. Je continuerai à rouler, mais plus à cette cadence. Peut-être que je resterai quand même dans le milieu, d'une autre façon ».
Aura-t-il des regrets ? « Peut-être un, oui. Celui d'être parti, en sortant des juniors, dans une équipe semi-pro managée par Luc Leblanc. J'avais 18 ans, et ça m'a un peu cramé. J'ai galéré, je me suis précipité. Mais ça m'a forgé un caractère… » Il en aura besoin, cette saison, pour passer la frontière.
Gaspard Brémond
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