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Sinnamary et Iracoubo en Guyane

Publié le 13 octobre 2009 par Argoul

Partant de Cayenne  par la nationale 1, après avoir dépassé Kourou, voici Sinnamary à 63 km de Kourou et à 112 km de Cayenne.

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Sinnamary, de l’eau, de l’eau, des ibis rouges à l’embouchure du fleuve. Traversée par le cinquième fleuve guyanais, la Sinnamary, et de nombreuses criques. Au nord, c’est l’océan atlantique, au sud le bassin de la crique tigre, à l’ouest la crique Yiyi, à l’est la crique Malmanoury.

Les quelques 2800 habitants Occupent une superficie de 1300 km².

Les vestiges archéologiques trouvés attesteraient la présence d’Amérindiens bien avant l’arrivée des colons en 1770. De nombreux gisements aurifères ont déclenché une ruée vers l’or en 1850. En 1994, EDF a mis en eau le barrage hydro-électrique de Petit-saut modifiant ainsi Sinnamary et créant, à 60 km, un plan d’eau de 360 km².

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Poursuivant la nationale 1 vers le Surinam (la Guyane hollandaise), voici Iracoubo. Nous sommes ici en pays  amérindien, galibi et arawak. Sur une superficie de 276 200 ha vivent environ 2000 habitants. Les ressources sont l’agriculture, la pêche et la chasse. Les H’mongs pratiquent le maraîchage. Quatre rivières coulent ici : l’Iracoubo, la crique Yiyi, l’Organabos et la Counamama. La célébrité du bourg, c’est son église qui attire chaque année 5000 visiteurs.

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L’église est classée monument historique depuis 1978. Elle fut construite en 1893 par les habitants du village sous la conduite du révérend père Raffray. Unique par sa décoration intérieure, elle fut entièrement recouverte de fresques par un bagnard, Pierre Huguet. La commune ne compte pas sur son territoire de vestiges de bagne mais sur les 600 m² de fresques naïves pour attirer les visiteurs. A l’extérieur, rien d’extraordinaire qui puisse déclencher la curiosité, mais l’intérieur recèle un petit trésor pictural, naïf et désuet.

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Arrivé à Iracoubo le 6 mars 1886, le révérend père Raffray succède à six prêtres. 600 personnes vivent là et le village est uniquement accessible par le fleuve à cette époque. Le jeune prêtre veut en faire une cité modèle, il se lance dans de nouvelles cultures, décide de bâtir un presbytère, une école et une église dès 1887 à la place de l’ancien édifice. Le plan est réalisé par les Travaux publics, service des Ponts et chaussées. Les travaux durent 6 années, de 1887 à 1893. Le 6 janvier 1893 l’église est officiellement bénie et dédiée à saint Joseph. Les paroissiens ont fourni la main d’œuvre, fait des dons financiers et matériels qui s’ajoutent aux subventions diverses et aux offrandes.

Les structures porteuses sont en bois de Guyane, les murs remplis de briques, la toiture d’origine en ardoise. Les décors intérieurs seront réalisés plus tard et l’on sait peu de choses sur le peintre des fresques ni sur les dates exactes de cette entreprise, peut-être vers 1893.

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Pierre Huguet serait né en 1850 à Clermont-Ferrand, condamné en 1889 à 20 ans de bagne pour vol avec effraction. En 1893, il est affecté au camp d’Iracoubo. C’est un champion de la belle, il tente par six fois de s’évader des geôles. Il fut définitivement libéré en 1909.

Ce n’est qu’en 1977 que l’on découvrira que l’auteur des fresques est le matricule 23 492 Pierre Huguet. On savait seulement que les fresques avaient été peintes par un bagnard, mais il était resté jusqu’ici anonyme. On décrit ce peintre en bâtiment comme un être frustre, sachant à peine lire et écrire, mais son  travail à Iracoubo est extraordinaire. Le père Raffray l’a très certainement guidé, mais reconnaissant que sans formation, Huguet a magnifiquement décoré cet édifice. Il a choisi un style naïf pour peindre angelots, guirlandes de fleurs et personnages de la liturgie chrétienne. Le Christ en croix qui orne le plafond est remarquable. L’artiste a aussi peint des faux marbres, des faux bois.

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Les anges ont tous le même faciès, certains motifs sont reproduits à l’identique à plusieurs endroits. Tous les visiteurs sont séduits et déconcertés.  On ne peut rester indifférent à ce travail coloré, candide, joyeux d’une « brebis égarée » comme l’ont suggéré certains ! A noter toutefois que dans tout ce travail rien n’évoque la Guyane.

Sabine

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