Moez Toumi, un nom dont l’écho commence à résonner fort dans le monde du théâtre et de la télévision en Tunisie grâce à son talent d’acteur qui fait l’unanimité. Ses derniers rôles dans Maktoub et Hobb Story n’ont fait que renforcer cette notoriété qu’il se construit lentement mais sûrement. Nous l’avons rencontré pour une interview dont spontanéité et franchise sont les mots d’ordre :
Quelles sont les principales étapes de ta carrière ?
En parallèle avec mes études qui ont abouti sur une maîtrise d’arabe puis sur un mastère, j’ai toujours fait du théâtre scolaire mais surtout du chant. D’ailleurs, mon aspiration première était plutôt dirigée vers une carrière de chanteur. Puis, avec l’expérience et les nombreux stages que j’ai effectués en Tunisie comme à l’étranger, j’ai préféré le jeu d’acteur dans lequel j’ai trouvé mon vrai épanouissement. Cela s’est renforcé avec mon entrée à Canal Horizon et au sein du théâtre national et, plus tard, grâce à mes rôles à la télévision et dans des films étrangers. J’aime aussi jongler avec mes casquettes pour tenter de nouvelles expériences puisque je suis également producteur, journaliste et je compose même des chansons. La dernière en date a été chantée par Dorsaf Hamdani au Festival de Hammamet 2009.
Quelle est l’expérience qui t’a le plus marqué ?
Sans doute, il s’agit de mon expérience au théâtre national avec ses bons et ses mauvais moments. C’est là que j’ai vraiment vécu l’ébullition de la création théâtrale. Le contact avec des comédiens et des metteurs en scènes de différents pays dont la Tunisie m’a été aussi bénéfique que constructeur et révélateur. C’est aussi au théâtre national que j’ai découvert les dessous et les secrets du métier. J’ai toujours pensé que le théâtre est la meilleure école qui soit pour un comédien.
À partir de là, comment trouves-tu la situation du théâtre en Tunisie ?
Je trouve que le théâtre en Tunisie se porte plutôt bien. Je m’appuie dans cet avis sur le nombre de pièces qui ont cartonné dernièrement comme Hobb Story, Mister Mim ou encore ce que fait Jaafar Guesmi dont j’applaudis la mise en scène moderne et le style singulier. Il y a une richesse et une variété dans les productions théâtrales en Tunisie qui promet beaucoup. Seulement, je trouve que l’on est encore loin d’avoir des écoles du théâtre tunisien mais plutôt des pièces de théâtre tunisiennes.
Comment tu vois le personnage de l’avocat dans Maktoub ?
C’est un personnage que je trouve fort intéressant et écrit d’une manière intelligente. Je veux dire par là qu’il peut paraître secondaire mais il est très impliqué dans la tournure que prennent les évènements dans le feuilleton. Ce n’est pas ce qu’on appelle un rôle « parallèle à la fable » car le personnage de l’avocat est très indépendant et en même temps influent. Il mène son propre destin et est le personnage principal de toutes les séquences dans lesquelles il apparaît.En tant qu’acteur, ce rôle m’a permis d’explorer une marge de jeu importante. Sa nature à composition discrète est loin d’être évidente à interpréter et c’est là que réside le vrai défit.
Que penses-tu du milieu audio-visuel en Tunisie ?
L’audio-visuel tunisien bénéficie depuis peu d’un nouveau souffle dans ses productions et d’un nouvel esprit véhiculé par les acteurs, les scénaristes et les réalisateurs. Depuis Al Layali Al Bidh, il y a une audace dans le propos des feuilletons tunisiens qui a ensuite été adoptée par Maktoub et Njoum Ellil que j’ai beaucoup aimé et où je salue le talent de Medih Belaid qui est selon moi un grand réalisateur. Il n’en reste pas moins que la réussite totale d’un feuilleton est rarement arrivée dans l’histoire de l’audio-visuel en Tunisie comme c’était le cas pour « Khottab Al Beb » et « Guamret Sidi Mahrous ». Cela revient au fait que les ingrédients d’un bon feuilleton, c’est-à-dire un bon casting, un bon scénario et une réalisation qui suit, se retrouvent rarement dans un même feuilleton.
Est-tu intéressé par le cinéma ?
Oui, évidemment. Rien que le fait de se trouver sur un plateau de cinéma est une expérience en elle-même. J’ai joué dans beaucoup de films étrangers mais dans aucun film tunisien jusque-là. Ce n’est pas évident d’obtenir un rôle dans un film tunisien vu le petit nombre de longs-métrages produits chaque année et qui, en plus, n’offrent pas une grande variété de rôles masculins. Nous avons des réalisateurs de cinéma confirmés avec lesquels j’aimerais collaborer comme Nouri Bouzid, Ibrahim Letaïef, Nidhal Chatta et Nauofel Saheb Ettabâa. Pour le mieux du cinéma en Tunisie, je pense que nos réalisateurs devraient simplifier les histoires qu’ils racontent et essayer de travailler sur des scénarios autres que les leurs.
Ton avenir professionnel, comment tu le vois ?
Avec l’absence d’industrie, l’avenir professionnel est forcément régi par un pourcentage d’inconnu. Cet avenir, je le perçois dans l’aventure et le risque plus que l’inconnu. La nature de mes rôles dans les feuilletons me rassure quant à ce qui va venir. En plus, on sent les prémices d’une prolifération des productions audio-visuelles et cinématographiques, donc, on verra…
Remerciements : café Sheffield au Manar
Narjes
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