Personnage fascinant et ambigu, Guru Dutt (1925-1964) fait partie du cercle restreint des cinéastes qui ont plusieurs cordes à leur arc et qui savent les utiliser ; acteur, réalisateur et producteur, il joue dans ses propres films, mais aussi pour d'autes réalisateurs quand les circonstances le demandent.
Malgré une courte carrière de 13 ans qui se termine par un suicide, il laisse une empreinte indélébile dans le cinéma indien et des chefs-d'œuvre qui ont franchi les frontières.
Mr. & Mrs. 55 (nb, 1955)
Une comédie de mœurs où la riche Anita doit se marier pour hériter de son père. Sa tante, qui veille sur elle, et n'aime pas les hommes, jette son dévolu sur un dessinateur sans le sou qui accepte le faux mariage ; mais il refuse de divorcer comme c'était prévu au départ, car l'amour est passé par là...
Guru Dutt a façonné ici le plus hollywoodien de ses films, plein d'humour et de gaieté face à Madhubala et son sens de la comédie.
Réalisateur : Guru Dutt
Héroïne : Madhubala
Héros : Guru Dutt
Compositeur : O.P. Nayyar
Chanteurs : Shamshad Begum, Geeta Dutt, Mohd. Rafi
Notre avis : 4/5
Pyaasa (L'Assoiffé, nb, 1957)
Souvent considéré comme son chef-d'œuvre, ce drame psychologique met en scène un poète idéaliste qui a soif d'amour et de reconnaissance. Abandonné et méprisé par les nantis, il trouve un certain bien-être auprès des exclus de la société.
Guru Dutt, qui joue le rôle du poète (ce qui ajoute encore à l'impact du film) pose un regard sombre sur le matérialisme et la nature humaine. La musique de S.D. Burman est particulièrement remarquable.
Réalisateur : Guru Dutt
Héroïne : Waheeda Rehman
Héros : Guru Dutt
Compositeur : S.D. Burman
Chanteurs : Geeta Dutt, Hemant Kumar, Mohd. Rafi
Notre avis : 4/5
Kaagaz Ke Phool (Fleurs de papier, nb, 1959)
Un vieil homme est assis sur un plateau de tournage où il a travaillé autrefois. Des souvenirs tristes ou joyeux lui reviennent à l'esprit. La gloire qu'il a connue, sa femme qui refuse qu'il voie sa fille, les films qui ne marchent plus, son actrice préférée qui le quitte.
Guru Dutt nous offre ici un film quasiment autobiographique : l'histoire d'un metteur en scène marié, au sommet de sa gloire, qui a une liaison avec l'une de ses actrices.
Ce film ne connut pas le succès de ses précédents films. Très superstitieux, Guru Dutt pensa que son nom portait malheur et décida qu'on ne le verrait plus en tant que réalisateur. Ce qu'il mit en pratique.
Notre avis : 3,5/5
Sahib Bibi Aur Ghulam (Le maître, la maîtresse et le serviteur, nb, 1962)
Au début du XXe siècle, le jeune Boothnath, qui arrive de la campagne, devient serviteur dans un palais de Calcutta. Il découvre la vie de riches propriétaires bengalis. Dans la famille qu'il sert, il remarque en particulier Choti Bahu (petite belle-fille) qui se languit de son mari qui l'abandonne tous les soirs pour rejoindre les danseuses et boire de l'alcool. Boothnath devient le confident de la femme délaissée.
Belle reconstitution historique, ce film, officiellement attribué à Abrar Alvi, le dialoguiste habituel de Guru Dutt, porte la patte de ce dernier. Il reçut de nombreux Filmfare : pour la photo, pour le meilleur réalisateur, pour la meilleure actrice et un National Award.
Réalisateur : Abrar Alvi
Héroïne : Meena Kumari
Héros : Guru Dutt
Compositeur : Hemant Kumar
Chanteurs : Asha, Geeta, Hemant
Notre avis : 4/5
Pour fignoler, voyez les autres films dans le catalogue de notre expo Guru Dutt de 2008 :
http://issuu.com/bollymages/docs/guru_dutt