J’ai mis 20 ans à aimer la région où je suis née. Comme beaucoup d’ados, 20 ans à rêver d’une grande vie citadine et moderne, loin de la tradition et l’immobilité d’un village tourné vers le passé. J’ai déguerpi à la première occasion, cherché de nouveaux paysages pour prouver qu’il y avait tant et mieux ailleurs.
Beaucoup de choses que j’ai pu voir depuis ma « fuite » valaient vraiment le détour, et nous n’avons pas de quoi nous plaindre de notre résidence actuelle.
Et pourtant… rien ne me touche plus qu’un paysage du Sud de la France. Une fin de journée estivale dans les chemins Drômois, les odeurs d’herbe qui ressortent… les grillons qui chantent… les cris des martinets autour des toits du village… le bruit de la vaisselle que l’on dispose dehors pour le repas du soir… le bruit des arrosages automatiques, par un après-midi d’été… chaque particule en moi réagit de manière disproportionnée à ces détails. Ça a quelque chose d’injuste, tous ces paysages de rêve que je découvre, battus d’avance par le décors des souvenirs édulcorés de mon enfance. Il semblerait que l’on n’échappe pas à ses racines.
Tout ça pour vous dire que nous avons vu « Le fils de l’épicier » d’Eric Guirado, et que c’est un très bon film !