Un repas-dégustation phénoménal (8)

Par Daniel Sériot

En 1986, l’été fût chaud et sec, à tel point que début Septembre la vigne connaissait sur les sous-sols les plus siliceux et peu riches en argile des blocages de maturité, les premières pluies de la mi-septembre furent, en ce sens, favorables à la vigne. L’énorme orage (cyclonique) qui s’abattit, avec des trombes d’eau, sur Bordeaux, les Graves et la rive droite fût très préjudiciable au vignoble, apportant de la dilution aux raisins des propriétés qui ont vendangé juste après l’orage. Le nord Médoc fut épargné, et les trois semaines de beaux temps qui suivirent ce violent orage permirent aux Cabernets Sauvignon de murir dans d’excellentes conditions. Les vendanges de ce cépage réalisées entre le 10 et 17 Octobre ont donné des vins splendides, voire d’anthologie, comme ce quasi intemporel Mouton Rothschild 1986.

Pauillac Mouton Rothschild 1986

La robe, d’une grande jeunesse, est très foncée, profonde, au centre du verre, avec un liseré de couleur sanguine, nuancée de violine au bord du disque, l’olfaction d’une bonne intensité, est nette, subtile dans l’association des parfums, cassis et myrtilles écrasée, boites à épices, cèdre, havane froid, résine, et des notes d’humus ; le vin impose une puissance tout naturelle dès l’attaque, les tannins offrent une structure dense, et un maintien ferme, les grains sont enrobés par un chair serrée qui contribue à donner une énorme présence au vin en milieu de bouche, les fruits sont frais mûrs et d’une grande pureté, l’ensemble est parfaitement mis en relief par un acidité gustative d’une grande justesse, la très longue finale, est déjà riche dans la complexité aromatique, intense, avec des tannins de grande classe, les épices répondant aux fruits avec un juste équilibre. Noté 19, et vers la note absolue dans 10 à 15 ans